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LE MYSTÈRE BASHUNG

VALÉRIE MARCOUX

« J’ai frôlé Bashung une fois dans ma vie, dans les coulisses d’une émission de télé, et je me rappelle encore la sensation qui m’a envahie… C’est quelqu’un qui était nimbé de mystère », raconte Isabelle Boulay, un frisson dans la voix.

Lors de la création de Boulay chante Bashung, la chanteuse a donc choisi de s’imprégner du mystère de ce musicien alsacien plutôt que de le percer.

« Évidemment, quand on s’intéresse à un artiste, on va voir ce qu’il a fait avant, mais mon Bashung à moi commence au début des années 1990 », mentionne l’interprète, séduite la première fois par le clip d’Osez Joséphine en 1991.

C’est de cette chanson qu’elle tire le sous-titre de son album Les chevaux du plaisir. Sur la pochette, on la voit avec un chapeau de cowboy, prête à chevaucher l’héritage musical de cet Européen amateur de musique country américaine.

« Je ne pensais jamais que j’allais avoir l’audace de faire ça un jour », affirme Isabelle Boulay.

Avec beaucoup d’humilité, la chanteuse confie avoir choisi des compositions qu’elle aime et, surtout, qu’elle était capable d’interpréter de manière convaincante.

« Ses chansons sont presque alchimiques. C’est de la grande poésie », insiste-t-elle.

Selon l’interprète à la voix puissante, chanter sur les mélodies complexes d’Alain Bashung demande plus de subtilité que de force.

Claude Larivée, qui l’encourage depuis le début de ce projet, l’a poussée à se dépasser en lui proposant des morceaux qu’elle ne se serait jamais crue capable d’incarner, comme Madame Rêve.

La nuit je mens n’a pas été facile à dompter non plus. « Je ne voulais pas en faire une caricature, je voulais vraiment être dans la chanson et l’incarner. »

Pour cela, elle a notamment dû embrasser sans retenue les textes exprimant — souvent de manière explicite — l’amour du chanteur pour les femmes. Ce ne fut pas très compliqué pour cette interprète aguerrie.

« Quand je chante, je ne suis ni un homme ni une femme : je suis tout à la fois », déclare-t-elle.

INVITER LES PORTE-BONHEURS

Isabelle Boulay place Bashung sur un piédestal. Elle admire la rigueur et l’audace de cet artiste qui a su s’entourer de partenaires tout aussi brillants.

« Ce sont des gens qui ont une écriture exigeante », précise la chanteuse, qui partageait déjà un parolier avec son idole.

Jean Fauque est, pour elle, le « frère cosmique » de Bashung et son porte-bonheur au cours de cette entreprise. Ou plutôt, un de ses porte-bonheurs.

« Je ne voulais pas être seule dans cette aventure, je voulais qu’il y ait des gens qui pensent à moi et au projet, qu’il y ait de bonnes ondes qui se mettent en place », confie l’artiste.

Isabelle Boulay entrevoit sa rencontre avec Doriand comme un signe. À l’instar de Jean Fauque, le Français a prêté sa plume à Bashung. Il signe notamment les paroles de La mariée des roseaux.

Cette pièce fait partie du triptyque de chansons de Bashung que la Québécoise a interprété à l’Olympia de Paris l’été dernier. Ce cadeau qu’elle s’est offert pour ses 50 ans a aussi convaincu son entourage, qui a continué à la pousser vers le studio d’enregistrement.

Mais avant, l’artiste avait besoin d’un dernier porte-bonheur. Elle a aussi tenu à avoir l’aval de sa dernière femme de Bashung, Chloé Mons.

« Je voulais qu’ils soient heureux du résultat. Je n’aurais pas osé sortir l’album si je n’avais pas eu, d’une certaine manière, leur bénédiction », déclare Isabelle Boulay.

D’AMÉRIQUE ET DE FRANCE

Pour la réalisation, la chanteuse s’est entourée d’une équipe à son image, c’est-à-dire de musiciens d’Amérique et de France. En plus du guitariste français Éric Sauviat qui l’accompagne depuis son album États d’amour (1998) et du batteur québécois Pierre Fortin, elle était heureuse de travailler avec le réalisateur Gus van Go.

« Gus van Go était un de mes chanteurs préférés au début des années 1990, avec Jean Leloup et Dédé Fortin », mentionne Isabelle Boulay, certaine que cet artiste l’amènerait là où elle voulait aller.

Le réalisateur a fait venir deux multi-instrumentistes de Californie pour compléter la formation. En se penchant sur les oeuvres de Bashung, toute l’équipe a été fascinée par la complexité de sa musique. « Ils ont recopié toutes les partitions et ils disaient : ça ne se peut pas, ce qu’il a écrit, raconte Isabelle Boulay. C’est l’album le plus ambitieux que j’ai fait de ma vie. »

La chanteuse inclura des pièces de Boulay chante Bashung dans sa tournée D’Amériques et de France, un titre qui convient autant aux chansons de ce nouveau disque qu’à la carrière et à la vie d’Isabelle Boulay.

« Je pourrais faire huit tournées différentes et toujours les appeler D’Amériques et de France, parce que c’est moi, ça », rigole l’artiste.

ARTS ET SPECTACLES

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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