Les Albertains entre colère et épuisement

Alors qu’une alerte d’urgence retentissait dans toute la province informant les Albertains d’une autre série de mesures de santé publique, certains ont passé par une gamme d’émotions : colère, confusion, épuisement.

Amanah Khursheed, une mère de famille résidant à Edmonton, se souvient d’avoir regardé son mari. « C’est reparti », a-t-elle dit alors que son téléphone s’allumait mercredi soir.

La notification l’informait que l’Alberta avait déclaré l’état d’urgence sanitaire pour protéger le système de santé.

De nouvelles restrictions — y compris des limites aux rassemblements et l’utilisation d’une preuve vaccinale pour les entreprises non essentielles — ont commencé jeudi, alors que le système de santé de l’Alberta est sur le point de s’effondrer lors de cette quatrième vague de la pandémie.

« Tous les quelques mois, nous entrons en confinement et nous entendons de fausses promesses de la part de nos élus », a déclaré Mme Khursheed en entrevue.

« Je ne pense pas que l’ensemble de la pandémie a été bien géré, depuis le début », a-t-elle dit.

Des experts médicaux avaient mis en garde le gouvernement conservateur contre le risque de propagation exponentielle du variant Delta lorsque le premier ministre Jason Kenney a annoncé son plan « Ouvert pour l’été ».

Depuis la réouverture le 1er juillet, les hospitalisations liées à la COVID-19 ont plus que quintuplé et les admissions aux soins intensifs ont atteint des niveaux record.

Mme Khursheed a déclaré qu’un ami proche avait contracté la COVID-19 et avait été mis sous respirateur.

« C’est angoissant chaque jour quand vous envoyez vos enfants à l’école, et puis vous entendez qu’un ami proche était aux [soins intensifs]. »

Le Calgarien Jake Hughes, un représentant en développement des affaires âgé de 28 ans, s’est dit « épuisé et démoralisé » après 19 mois de mauvais leadership provincial.

Il a pensé à quitter l’Alberta pour une autre province.

« C’est un peu triste que nous soyons — je ne dirais pas la risée, mais regardez à quel point l’Alberta se porte mal par rapport au reste du pays, a déclaré M. Hughes. On a l’impression que tout le monde donne la priorité aux affaires et à l’argent plutôt qu’à la vie des gens. »

Bien qu’il soutienne les nouvelles mesures, M. Hughes a dit craindre qu’elles n’affectent sa stabilité d’emploi et ses revenus, étant donné qu’il travaille avec de nombreuses petites entreprises.

« Si nous avions maintenu les restrictions en été, où des interactions minimales étaient autorisées, nous aurions probablement pu traverser cette quatrième vague avec beaucoup moins de pics, a-t-il affirmé. Depuis le début de cette pandémie, c’est échec pardessus échec. »