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DEVRIEZ-VOUS ASSURER VOTRE ANIMAL DE COMPAGNIE ?

DANIEL GERMAIN CHRONIQUE dgermain@cn2i.ca

Assurer un animal ? Si vous aviez demandé ça à mon défunt père, il vous aurait servi son faciès incrédule. Il se serait probablement étouffé en lisant le reportage de ma collègue

Jasmine, dans La Tribune, dans lequel elle traitait le sujet lundi. Il faut dire qu’il s’étouffait déjà souvent de son vivant, le paternel, et que bien des enjeux actuels pourraient lui causer une obstruction fatale de la trachée.

Parmi mes nombreux souvenirs que j’ai de lui, il y a celui où je le vois dans le jardin achever à coups de bâton notre chat Zoro, agonisant après s’être fait frapper par une auto. Pour s’être souvent montré inquiet durant les cavales prolongées du félin, je peux affirmer qu’il l’aimait. Le père voulait abréger les souffrances du matou, car ç’aurait été plus long, quoique plus doux, de dépêcher un vétérinaire un dimanche après-midi.

Quelqu’un qui se ferait aujourd’hui surprendre à battre un animal moribond serait dénoncé à la police pour cruauté. Déjà, à l’époque, ça me paraissait intense. Tout ça pour dire que nos relations avec les petites bêtes ne sont plus tout à fait comme dans le temps.

Pas qu’on ne les aimait pas avant les années 2000, on pleurait aussi à l’époque quand on devait laisser partir le chien, seulement maintenant, ils ont changé de statut, ils ne sont plus des jouets ou de la décoration, mais des enfants.

Ce n’est pas tous les gens qui s’éprennent des animaux domestiques, loin de là. Parmi ceux qui s’y attachent, le niveau de dévotion, bien qu’en hausse, reste variable. Tout de même, selon ce que je peux observer sur Facebook, ceux qui correspondent à la description de « gaga » sont légion, et cet amour inconditionnel alimente une industrie multimilliardaire versée dans la médecine, les médicaments, la nourriture et les accessoires pour animaux.

Je ne porte pas de jugement, je suis moi-même épris des chats et des chiens, je me donne bien du trouble pour le bien-être d’un félin de 20 ans répondant au nom de Ti-Père. Je le signale par souci de transparence, parce que la question d’assurer ou non son animal, comme beaucoup de sujets en finances personnelles, dépasse le cadre strictement financier.

Mon opinion sur le sujet de l’assurance a évolué. Avant, j’y étais plutôt défavorable. Maintenant, je ne le suis plus, sans en faire la recommandation.

À QUOI SERT L’ASSURANCE ?

Avant d’aborder l’assurance pour animaux, on doit expliquer le rôle de l’assurance en général, et pour saisir l’utilité de l’assurance, il faut parler de risques financiers. D’un côté, les risques sont répartis selon leurs probabilités de réalisation, de faibles à élevées. Sur l’autre axe, on trouverait l’impact financier associé à ces risques, certains égratignant à peine le portefeuille, d’autres pouvant s’avérer ruineux.

L’assurance sert à protéger contre les risques peu élevés dont les conséquences seraient lourdes : le décès d’un conjoint qui génère la moitié du revenu familial, une invalidité qui nous écarterait du travail durant des mois, un incendie qui emporterait tous nos biens, une hospitalisation aux États-Unis… vous voyez le genre. Les primes d’assurance qui couvrent ces risques sont abordables, car le nombre d’assurés est grand et l’occurrence des sinistres demeure plutôt faible.

Quand la probabilité et l’impact d’un risque sont minimes, on n’y songe même pas, on se débrouille quand la petite malchance se manifeste. Quand le risque devient probable (ce qui en fait une éventualité), on devrait le budgéter, c’est-à-dire prévoir des fonds pour lorsqu’il se produirait, que ses conséquences soient ou non importantes. Le fonds d’urgence dont on parle toujours en finances personnelles, c’est entre autres pour ça.

Où situer sur cette grille les risques qu’un chien se retrouve avec une balle de golf dans le tube digestif, qu’un chat se déboîte la hanche en tombant du 3e étage ? Quelle est la prévalence des cancers chez ces animaux ? Les pierres urinaires, les dents pourries, les os cassés ? Tôt ou tard, le compagnon poilu sera malade. Il faudrait donc budgéter. Cependant, la médecine vétérinaire rivalise avec celle des humains, avec des coûts qui surpassent parfois la capacité d’accumuler un coussin.

La question qui divise, surtout : jusqu’où cela représente-t-il un véritable enjeu pour le portefeuille ? À l’option de se saigner financièrement pour sauver son animal, s’oppose toujours ce choix, la porte de sortie : l’euthanasie. Un propriétaire peut mettre une limite à ce qu’il consacre en soins vétérinaires. Oui, il peut aussi en être incapable.

C’est vrai, l’assurance pour animaux permet d’éviter ce dilemme, mais à quel coût ! Elle fonctionne un peu sur le modèle de l’assurance collective, le contrat prévoit une franchise, une répartition des risques entre l’assureur et l’assuré (généralement, 80-20) et des limites aux indemnités annuelles (par exemple, 7500 $).

Le coût de l’assurance varie selon l’espèce et la race de l’animal. Plus celui-ci est jeune à la signature du contrat, moins les primes seront élevées. Tout ça n’est que gros « bon sens » , comme dirait l’autre. Les assureurs ne font pas la charité, ils ne couvrent pas les problèmes préexistants, d’où les examens médicaux préalables.

Pour une protection complète (maladies et accidents), un propriétaire de chien devra souvent débourser plus de 1000 $ par année. Si l’assurance est chère, c’est que les réclamations sont nombreuses.

Le propriétaire d’un animal qui accumule les malchances entrera dans son argent, mais je vous ai déjà expliqué en quoi consiste l’assurance : la mise en commun des risques. Pour une personne qui réclame plus qu’elle verse en primes, il s’en trouve au moins une autre qui débourse plus que ce qu’elle se voit rembourser par l’assureur. Beaucoup paient probablement pour rien, car ils abandonneront avant que le premier bobo surgisse.

L’avantage de l’assurance : elle facilite la résolution du dilemme « la santé de mon chien ou ma santé financière ». Elle met en relief les coûts insoupçonnés des soins vétérinaires, donc celui d’adopter un animal.

Elle renvoie à cette question finalement : ai-je les moyens de mon amour ?

AFFAIRES

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2023-09-16T07:00:00.0000000Z

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