Une pénurie fatale ?

Une femme de 48 ans est décédée cette semaine à Granby. Les ambulanciers dénoncent le manque chronique de ressources

« On va attendre d’avoir combien de morts avant d’ajouter des ambulances à Granby ? On parle de vies humaines, de décès qui auraient pu être évités si on avait le personnel sur le terrain. Mais, rien ne bouge », clame le président du syndicat des ambulanciers de Granby, Jean Papineau.

Ce nombre insuffisant d’effectifs a coûté la vie à une femme de 48 ans, mardi, a affirmé le paramédic. La quadragénaire était en détresse respiratoire lorsque les services d’urgence ont reçu l’appel à 6 h 11. Au même moment, la seule ambulance sur le vaste territoire de Granby était déjà avec un patient provenant de Saint-Pie, victime d’un accident de la route.

La femme en crise aigüe a donc attendu près de 20 minutes avant que des collègues de Waterloo viennent en relève. Dans l’intervalle, son état s’est aggravé. Peu après être arrivés, les ambulanciers ont dû arrêter les manoeuvres de réanimation.

« Ce qui est encore plus dramatique dans tout ça, souligne Jean Papineau, c’est que cette patiente habitait à seulement quelques minutes de l’hôpital. »

Son transport par ambulance n’a duré qu’une minute. Son décès a été constaté à l’établissement de soins de santé.

LONGUE HALEINE

Le manque d’effectifs paramédicaux est un dossier qui ne date pas d’hier. « Depuis presque 20 ans, on roule avec le même nombre d’ambulances. Pourtant, la population est toujours de plus en plus grande et les cas sont de plus en plus lourds. L’équation ne fonctionne pas » , image le président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (SCFP) à Granby.

« Toute l’équipe des ambulanciers à Granby lance un cri du coeur. Ça n’a pas de sens que des gens meurent en 2023 à cause du manque d’ambulance », fait valoir Jean Papineau.

En fait, les ambulanciers de Granby desservent la population avec le même nombre d’ambulances depuis l’abolition des horaires de faction, à la fin des années 1990. Propres aux régions rurales et communément appelés les « 7/14 », ces horaires obligent les ambulanciers à demeurer sur le qui-vive à la maison 24 h sur 24 durant une semaine entière.

Autre point important en ce qui concerne la mort de la femme de 48 ans, faute de personnel, il n’y a qu’une équipe d’ambulanciers en poste à Granby les lundis et mardis entre 6 h et 6 h 30.

Jean Papineau est d’avis qu’une intervention politique est à la fois urgente et incontournable pour éviter que d’autres drames comme celui-là surviennent.

Le gouvernement Legault va-t-il agir rapidement, notamment en augmentant le nombre de véhicules ambulanciers sur le territoire de Granby ? De son côté, le député de Granby, ministre de la Sécurité publique et responsable de l’Estrie, François Bonnardel, va- t- il faire avancer ce dossier ?

Appelé à commenter, ce dernier a répondu brièvement par courriel. « D’abord, je veux donner mes condoléances aux proches de la femme décédée. Mon collègue Christian Dubé a annoncé une nouvelle politique et ajouté plus de 28 millions de dollars pour améliorer la desserte ambulancière en région. Maintenant, le coroner fera enquête sur ce décès et fera les recommandations pertinentes au CIUSSS et au gouvernement pour que les bonnes solutions soient identifiées. »