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UN TOURNAGE PAS COMME LES AUTRES

LÉA HARVEY Le Soleil

Karine Vanasse et Rémy Girard n’en sont pas à leur premier film. Le plateau du long métrage canadien L’ombre des corbeaux a pourtant marqué les deux acteurs, tant en raison du scénario et des lieux de tournage que des rencontres chaleureuses qu’ils y ont faites.

Signé par la réalisatrice Marie Clements, L’ombre des corbeaux emmène sur les traces d’Aline Spears (Grace Dove), une survivante crie des pensionnats autochtones canadiens.

Si le film raconte la vie de ce personnage de sa plus tendre enfance jusqu’à un âge avancé, le public retrouvera Karine Vanasse et Rémy Girard dans les passages historiques, c’est-à-dire les scènes qui concernent la jeunesse d’Aline, alors qu’elle vit dans un pensionnat.

Les deux acteurs québécois y interprètent des membres du clergé, soit soeur Ruth et le père Jacobs. Des personnages sévères qui feront subir des sévices physiques et psychologiques à la petite Aline ainsi qu’à ses collègues.

Malgré sa quarantaine d’années d’expérience et une feuille de route bien garnie, Rémy Girard estime qu’il s’agit là d’un des rôles les plus difficiles qu’il ait eu à jouer. Notamment parce que le père Jacobs agressera sexuellement des jeunes filles.

« C’était la chose qui m’inquiétait le plus. Mais ça s’est très bien passé. Ce sont des psychologues et la réalisatrice qui ont expliqué à la jeune actrice comment la scène allait se passer. »

« Évidemment, jamais la petite fille n’est en contact avec moi! J’ai tourné avec une doublure qui est adulte. Ça m’a beaucoup rassuré. »

JOUER UN PÉDOPHILE

À l’instar de Karine Vanasse, Rémy Girard a dû se mettre complètement dans la peau d’un membre du clergé du XXe siècle pour bien jouer son rôle. Loin des valeurs et des connaissances d’aujourd’hui.

« Outre pour sa pédophilie, je m’en suis sorti en me disant : lui, il est convaincu qu’il fait la bonne affaire. Il veut sortir des sauvages de leur ignorance. Heureusement, aujourd’hui, on ne pense plus comme ça. Mais j’espère que le film résonnera chez les gens. On voit l’impact que tout ça a eu sur les autochtones. »

Karine Vanasse a quant à elle été particulièrement marquée par le tournage qui s’est déroulé à Kamloops, en Colombie-Britannique, sur le site de l’ancien pensionnat autochtone où 215 dépouilles d’enfants ont été retrouvées au printemps de 2021.

« On a tourné à l’automne 2021. Ça ne faisait pas encore un an que les premières fouilles avaient été faites. Entre les prises, on voyait les toutous et les croix sur le terrain juste à côté. »

CÉLÉBRER TOUTE UNE CULTURE

Karine Vanasse se dit fière d’avoir participé à cette production autochtone parce que ce projet met de l’avant les cultures des Premières Nations.

Et ce, tant devant que derrière la caméra.

« Quand on tournait des scènes plus difficiles, il y avait des séances de purification avec les aînés autochtones de différentes communautés. Avant et après. Il y avait un immense respect des âmes qui ont été touchées par ces horreurs. [Le tournage] s’est fait avec beaucoup de sérénité », raconte la comédienne.

L’ombre des corbeaux se déroule sur une centaine d’années durant lesquelles on traverse les combats des Premières Nations et le destin d’Aline Spears comme l’impact des pensionnats autochtones sur elle et ses descendants. Mais le long métrage de Marie Clements met aussi de l’avant certaines traditions qui habitent la vie de la jeune femme crie.

« Il y avait une volonté de l’équipe de raconter l’histoire sans amertume. Juste par désir de raconter et de montrer la vérité. Oui, il y a des pans sombres à cette histoire, mais en même temps, on voit les personnages principaux autochtones rire, danser, être en contact avec la richesse de leur culture », soutient Karine Vanasse.

UNE VÉRITABLE IMMERSION

Au fil des 127 minutes, le film met en lumière la langue, les danses, les vêtements et autres rites qui forgent Aline Spears et sa famille. Sans laisser de côté l’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées ni les délégations des Premières Nations qui se sont rendues devant le pape Benoît XVI en 2009. Rémy Girard abonde dans le même sens que sa collègue : il a eu la chance de tourner auprès d’une équipe généreuse.

« Ils voulaient raconter l’histoire telle qu’elle s’est passée. Pour que tout le monde la voie et y ait accès. Pour moi, ça a été une vraie immersion dans cette culture-là », ajoute l’acteur qu’on retrouvera au petit écran à l’automne dans STAT.

L’ombre des corbeaux prendra l’affiche au cinéma dès le 2 juin.

ARTS ET SPECTACLES

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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