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UN SHOW AU NOM DE «L’AMOUR CRISSE!»

NORMAND PROVENCHER nprovencher@lesoleil.com

Tout a commencé par un cri du coeur à l’émission En direct de l’univers, en décembre 2020. «L’amour, crisse!» avait lancé Louise Latraverse, à la question sur ce que la pandémie ne viendra jamais à bout. Trois ans et quelques confinements plus tard, un spectacle éponyme de son cru s’apprête à voir le jour dans la foulée de cette réponse spontanée devenue hymne à la résistance.

À l’autre bout du fil, la voix chantante de la comédienne retentit. Nous sommes tôt en ce petit mardi matin. «Je coupe mes p’tites toasts, je prends mon café, je m’essuie les doigts et je suis à vous», lance-t-elle avec sa sympathique désinvolture.

Louise Latraverse, touche-àtout du domaine artistique, aura 83 ans lorsqu’elle montera sur scène à l’automne, lors d’une tournée qui la conduira aux quatre coins du Québec pour un one woman show qu’elle veut différent, avec une bonne dose d’irrévérence et de passion. Rien d’étonnant quand on connaît l’extravagance et l’esprit de rébellion qui ont toujours guidé sa carrière. Elle aime déranger, tout comme elle aime qu’on la dérange.

Ce retour sur scène, orchestré par son «ami très cher» Fernand Rainville, elle le veut le plus simple et convivial possible, dans un désir affirmé de communion avec le public, en lieu et place d’une biographie qui ne verra jamais le jour, jure-t-elle.

Lire sur la vie des uns et des autres, à part quelques exceptions (dont Marguerite Duras), ne l’enchante guère. «Une autobiographie, c’est un mot que je déteste. Il y en a quelques-unes écrites par de grands écrivains, avec une belle écriture, mais [pour le reste] c’est d’un ennui mortel.»

Aussi a-t-elle décidé de parler de sa vie, debout sur scène, plutôt que de la voir couchée sur papier. «Je crois que je suis une bonne conteuse, alors je me suis dit que ce serait mieux de raconter ma vie plutôt que de l’écrire. J’aime ça parler et communiquer avec le monde. Et le monde aime communiquer avec moi. C’est un échange. Je trouve ça formidable. Ça, ça me plaît.»

«Ce sera un spectacle sur ce que je suis moi, à ce moment-là, enchaîne-t-elle. Quelque part, il faut que ce soit agréable. Je ne m’en vais pas sur scène pour brailler.»

Et le trac, il est toujours là? «Toujours. C’est l’affaire la plus épouvantable. Mais je vais avoir moins le trac seule que dans une pièce. Si tu as un blanc, tout s’écroule. Moi, toute seule, si j’en ai un, le public va me dire où je suis rendue. Les gens ne le savent pas encore, mais ils vont travailler...»

UNE BROSSE AVEC ELIZABETH TAYLOR

Vue au cinéma (Entre la mer et l’eau douce, La beauté des femmes), à la télévision (Grandpapa, Poivre et sel, Avec un grand A) et sur les planches (Un simple soldat), Louise Latraverse a suffisamment colligé d’anecdotes pour ne pas ennuyer son auditoire. Qu’on pense seulement aux effervescentes années 70, alors qu’elle vivait à New York avec son mari Emmet Grogan, figure importante du mouvement hippie américain.

Les Beatles, les Rolling Stones, Andy Warhol, Allen Ginsberg, Elizabeth Taylor — avec laquelle elle a pris une cuite mémorable dans un restaurant branché — autant de grands noms qu’elle a un jour croisés. Sans oublier Janis Joplin, la meilleure amie de son défunt époux, qui ne l’appréciait guère.

Mais au-delà de ces rencontres mondaines, Louise Latraverse compte surtout parler «des choses qui lui tiennent à coeur» et qui nous unissent tous, que l’on soit célèbre ou non. «La peine, la joie, le malheur, l’orgueil, on vit tous ça dans la vie. Les gens ont toujours l’impression que pour les artistes, ce n’est pas pareil. Les gens les idéalisent. Venez dans ma cuisine voir comment je suis pareille...» glisse-t-elle dans un éclat de rire.

VIVRE ICI, MAINTENANT

La vieillesse, Louise Latraverse n’en a cure. Les années qui passent, elle préfère les occuper à autre chose que ruminer. Un peu moins d’énergie dans le corps, certes, mais rien pour entraver sa lucidité vis-à-vis du caractère éphémère de l’existence.

«On vient au monde et on sait qu’on va mourir, mais les gens font comme si ça n’allait jamais arriver, voyons donc. Moi, je veux que les dernières années de la vie soient les plus belles puisque ce sont les dernières. Je vais m’arranger pour que tout soit beau. Je veux réussir ma mort, je veux qu’elle soit belle. L’important pour moi, c’est de vivre, aujourd’hui, c’est la seule chose que je peux faire.»

Et ne comptez surtout pas sur elle pour se lamenter. «Si le monde allait voir ailleurs comment c’est difficile, peut-être que ça chialerait moins. Je n’aime pas cette attitude. On habite le plus beau pays du monde, on n’a jamais connu la guerre. On est tellement gâtés. Les gens en veulent toujours plus, mais ils en ont déjà énormément.»

L’heure est maintenant à l’écriture de son spectacle. Elle y consacrera une partie de l’été. «Je n’ai pas encore la tête à ça, mais il faut que je m’y mette. Mon lilas est en fleurs. La vie est belle...»

«L’important pour moi, c’est de vivre, aujourd’hui, c’est la seule chose que je peux faire»

— Louise Latraverse

L’amour crisse! sera présenté à la Maison de la culture de Waterloo le 24 février 2024 à 20h.

ARTS ET SPECTACLES

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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