DEVENIR ADULTE AVANT SON TEMPS

Inspirée par des histoires vraies qui lui ont été confiées, Pascale Wilhelmy s’est intéressée au destin des familles qui sont seules, sans réseau de proches prêts à les épauler. Avec son nouveau livre, Post-it, la journaliste et romancière explore les mailles du filet social, quand celles-ci se distendent et échappent deux enfants dans le monde périlleux de la vie adulte.

Voilà longtemps que Simone et Léo habitent les pensées de Pascale Wilhelmy. Dans Post-it, on découvre une soeur et un frère qui sont laissés à eux-mêmes lorsque leur mère doit « partir en voyage » quelque temps. Sans père ni proches à proximité, ils ne peuvent compter que l’un sur l’autre.

« En parlant avec quelques personnes autour de moi, je me suis rendu compte que, finalement, beaucoup d’enfants se retrouvent, au fil de leur vie, dans une situation semblable, que ce soit parce que les parents sont aux prises avec une dépendance, ou parce qu’une séparation [tourne mal]. C’est un sujet qui est beaucoup plus universel que ce qu’on peut croire », explique l’autrice.

Ensemble, l’adolescente de quinze ans et le garçon de dix ans décident de « faire comme si » et de sauver les apparences afin de ne pas être séparés. On le comprendra rapidement : dans leur histoire, les services sociaux ne sont pas une option.

Cuisiner les repas, réveiller Léo pour l’école, se brosser les dents, etc. : Simone doit s’occuper de tout. Pour ne rien oublier, elle tapisse les murs de leur appartement de post-its. De petites notes colorées qui la surveillent et la ramènent à l’ordre lorsqu’elle néglige le lavage ou omet de barrer la porte d’entrée avant d’aller se coucher.

PAS SI GÂTÉS?

Tout au long de son écriture, Pascale Wilhelmy s’est grandement attachée à ses personnages. Comme eux, bon nombre de jeunes doivent parfois se garder par eux-mêmes, s’organiser seuls en l’absence de leurs parents. Et pas besoin d’être, comme Simone et Léo, dans un milieu moins nanti pour observer ce phénomène, précise rapidement l’autrice.

« On parle beaucoup aujourd’hui de nos “enfants rois”, de nos enfants qui “ont tout cuit dans le bec”. Moi, quand je regarde ça, je ne suis pas certaine qu’ils sont si gâtés que ça. Il y en a qui se retrouvent aussi seuls que Simone et Léo, même en ayant des parents autour d’eux. Je pense qu’on a une génération d’enfants qui sont beaucoup plus courageux et résilients qu’on peut l’imaginer », estime celle qui a plusieurs ouvrages à son actif, dont Où vont les guêpes quand il fait froid?

Au fil des pages de Post-it, Pascale Wilhelmy aiguise ainsi le regard de ses lecteurs. Loin d’être moralisateur, le roman invite toutefois à un resserrement du filet social. Pour mieux tricoter, collectivement, de nouvelles mailles autour des petits comme Simone et Léo.

« L’enfance et l’adolescence sont des étapes importantes à vivre. »

D’ESPOIR EN LUMIÈRE

Il est vrai qu’une question habite les premiers chapitres de Post-it : « Comment peut-on partir en voyage et laisser ses enfants seuls? »

Pascale Wilhelmy désamorce toutefois rapidement cette interrogation. Car si on suit Simone et Léo afin de voir comment ils se débrouillent ensemble, on découvre également l’histoire de leur mère. Un récit qui est loin d’être rose et que l’autrice aborde sans jugement.

« Je me suis mise à la place de cette femme-là. J’ai eu de l’empathie pour elle. Beaucoup de parents monoparentaux n’ont pas de filet social autour d’eux. Moi, j’en ai vécu, des moments difficiles, une séparation. Mais j’ai eu la chance d’avoir un réseau, une famille autour de moi. Et heureusement qu’elle était là! » confie Pascale Wilhelmy.

Histoire de résilience entre deux enfants, Post-it ancre ses racines dans une humanité parfois crue et difficile, mais pas moins lumineuse.

À l’instar de ses autres livres, elle embrasse le côté humain de son nouveau livre. « J’ai toujours besoin qu’il y ait de l’espoir dans mes romans », soutient-elle.

PASCALE WILHELMY

Post-it ROMAN Libre Expression 200 pages