LaVoixdelEstSurMonOrdi.ca

QUAND AGRICULTURE RIME AVEC ENVIRONNEMENT

ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdelest.ca

Chez François Boulais, les préoccupations environnementales ne datent pas d’hier. Avant lui, son père Pierre-Yves y était déjà sensible. Ensemble, ils constatent que l’agriculture écologique n’est pas toujours facile, mais que les pratiques agroenvironnementales, elles, sont là pour se développer davantage.

Depuis sa sortie de l’ITA de SaintHyacinthe, en 2003, le copropriétaire de la ferme laitière Domaine des vents à Sainte-Sabine multiplie les gestes pour réduire à la fois les impacts sur l’environnement et ses coûts de production.

« Ce n’est pas toujours facile à mettre en place parce qu’il y a toujours une gestion de risques. Mais on a essayé beaucoup de choses en lien avec l’agriculture écologique. On ne peut pas dire qu’on est biologique, parce qu’on utilise encore des intrants synthétiques et des herbicides quand c’est nécessaire. Cependant, on se questionne beaucoup avant d’y avoir recours », explique François Boulais au sujet de ses activités de culture, qui font aussi partie de son quotidien.

Depuis 20 ans, lui et sa famille ont à l’oeil l’usage qu’ils font de l’azote dans les champs de maïs, par exemple. Au printemps, des tests de sols sont menés pour y évaluer le taux de nitrate (azote). Si le niveau est correct, on n’appliquera pas d’engrais synthétiques, car la plante peut le prélever à même le sol grâce au fumier épandu, laisse-t-il savoir.

Cette façon de penser et de faire exige bien sûr plus de réflexion, de suivi et de travail... « Il faut marcher dans les champs, vérifier. Mais je le vois comme de l’argent qui reste dans mes poches à la fin de l’année. Si je peux produire le même volume de maïs dans une année, en utilisant le tiers ou le quart de l’engrais prévu, je suis gagnant. »

Les associés de la ferme du rang Kempt ont également recours aux plantes intercalaires entre les rangs de maïs. Ray-grass, trèfle et radis fourrager permettent de couvrir le sol et de limiter la pousse de mauvaises herbes. Parfois même, elles aident à la croissance du maïs.

« On a essayé cette technique l’an passé pour la première fois et on a obtenu d’assez bons résultats. Dans certains champs, on a pu diminuer de 60 % la dose d’herbicides », note M. Boulais, en précisant que les résultats peuvent varier selon la météo. Cela nécessite aussi plus de temps et un semoir spécialisé, que lui et son père ont construit eux-mêmes.

En matière de culture de couverture, il sème aussi la triticale, une céréale qui recouvre le sol, le protège contre le vent d’hiver et alimente le sol entre les semis de soya, de maïs et d’herbes de prairie.

Quant au phosphore, l’agriculteur n’en achète plus du tout pour démarrer ses cultures, se limitant à celui contenu dans le fumier de son troupeau et dans du fumier de porc qu’il importe en quantité limitée.

BANDES RIVERAINES

Parce que le Domaine des vents borde la branche 46 du Ruisseau Morpions, les Boulais ont aussi aménagé une bande riveraine élargie — comme tous leurs voisins agriculteurs — avec gazon et arbustes à fleurs pour attirer les pollinisateurs durant toute la belle saison. Au lieu des trois mètres obligatoires, ils ont ajouté un mètre de plus de végétation entre les champs et le cours d’eau.

« Cela diminue l’érosion hydrique. Mais chez nous, depuis longtemps, on ne travaille plus le sol à l’automne, de façon à contrer l’érosion lors de la fonte des neiges. »

Bref, le Domaine des vents fait sa large part pour limiter son empreinte sur la nature... dans la mesure du possible, précise son propriétaire. « Dans un monde idéal, on cultiverait le maïs et le soya sans engrais, sans herbicide, mais c’est un coup de dé au printemps, dont on voit seulement les résultats à l’automne. On pourrait être encore plus efficace et encore plus vert, il y a beaucoup de facteurs à considérer. Mais j’ai ça en tête ! »

UN SOUTIEN POUR LES PRODUCTEURS

Plusieurs producteurs de la région, comme M. Boulais, bénéficient d’un soutien pour mettre en place ces pratiques agroenvironnementales dans le cadre du projet Interventions ciblées sur le contrôle des eaux de ruissellement et la conservation des sols. Ce projet réunit plusieurs acteurs : le ministère de l’Agriculture du Québec, la MRC de Brome-Missisquoi, ainsi que l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM). En effet, l’OBVBM accompagne les entreprises agricoles afin de les soutenir dans leurs démarches de réduction du phosphore et l’amélioration de la santé des sols.

LA VOIX DE BROME-MISSISQUOI

fr-ca

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

https://lavoixdelest.pressreader.com/article/282789245814784

Groupe Capitales Media