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«ILS M’ONT SAUVÉ LA VIE PLUSIEURS FOIS»

JEAN-FRANÇOIS GUILLET jean-francois.guillet@lavoixdelest.ca

Sans le soutien du groupe de suivi d’intensité flexible (SIF) qui dessert le réseau local de services La Pommeraie, Mégane (nom fictif) aurait pu commettre l’irréparable. En tenant compte de son état de détresse critique, l’équipe médicale multidisciplinaire en santé mentale l’a aidée à reprendre sa vie en main, en adaptant ses interventions auprès d’elle au quotidien, dans son milieu. Un service encore méconnu dans Brome-Missisquoi.

Mégane vit depuis son adolescence avec un trouble dissociatif de l’identité, auparavant appelé trouble de personnalité multiple. Il s’agit d’un problème de santé mentale chronique et complexe, qui fait notamment en sorte qu’elle a de la difficulté à gérer ses émotions. Sa consommation de drogues a créé un cocktail explosif qui l’a menée au bord du gouffre. «J’ai dû être hospitalisée parce que ça n’allait plus bien du tout. Je n’avais plus le contrôle de moimême. C’était l’enfer. J’étais dangereuse pour moi-même parce que mes autres personnalités prenaient le contrôle de mon corps», se remémore la jeune femme.

Un obstacle de taille s’est toutefois dressé sur son parcours vers le rétablissement : sa grande réticence à être médicamentée. «J’avais vraiment peur de ne pas bien feeler, de mal réagir, dit-elle. De ne plus avoir d’énergie.»

Heureusement, l’équipe SIF l’a rassurée, l’amenant pas à pas à reprendre le contrôle pour éviter que sa vie parte en vrille. «J’ai eu des [rechutes] de consommation de drogue. L’équipe venait me voir presque tous les jours. Ils m’ont sauvé la vie plusieurs fois, confie-t-elle. Ça a pris du temps avant que je trouve une stabilité, mais avec de l’aide, j’y suis arrivée.»

INTERVENTION MULTIDISCIPLINAIRE

Le programme SIF est offert jusqu’ici dans deux réseaux locaux de services (RLS) en Estrie : La Pommeraie et de Memphrémagog. Selon les données du ministère de la Santé, l’initiative est principalement déployée dans les régions de 20 000 à 50 000 habitants. On compte une quinzaine d’équipes au Québec.

L’équipe multidisciplinaire qui dessert la population de la MRC de Brome-Missisquoi est composée de psychiatres, d’infirmières, dont une chef d’équipe, d’éducatrices spécialisées, d’une travailleuse sociale, d’un intervenant en délinquance, tous chapeautés par une chef de service. «Le propre de notre équipe est d’aller offrir le service de suivi en santé mentale à la personne, selon ses besoins et l’intensité. On tente par tous les moyens, parfois de façon très

créative, d’offrir du support par le biais de plusieurs techniques», a expliqué Karine Rioux, infirmière clinicienne et chef d’équipe SIF.

Le programme est destiné aux adultes ayant des troubles mentaux graves. Son principal but est «d’offrir des services axés sur le rétablissement, la réadaptation psychosociale, la gestion du traitement médical et l’intégration dans la communauté». «On peut aller à la maison le matin pour aider les gens à bien prendre leur médication. Et comme on est une équipe, on peut aussi faire le suivi pour la santé physique. On peut prendre les signes vitaux, les injections. Le service est vraiment global», a fait valoir Karine Rioux.

«On touche toutes les sphères de la vie. On travaille aussi avec la famille, l’entourage de la personne. On travaille aussi avec des partenaires communautaires et les services policiers», a pour sa part spécifié AndréeAnne Roberge, chef de service en dépendance et itinérance au CIUSSS de l’Estrie.

Selon la chef d’équipe, le succès de la démarche repose en grande partie sur l’approche en douceur, en dehors d’un contexte institutionnel. «Des fois, on va juste prendre un café avec la personne durant plusieurs semaines. Ensuite, les gens s’ouvrent davantage et on peut agir plus directement. Parfois, ça peut prendre des mois [avant de pouvoir cerner tous les besoins]. Mais on ne brusque jamais nos clients. C’est ce qui fait une grande partie de notre succès.»

Bien que le service soit méconnu dans le RLS La Pommeraie, près d’une cinquantaine de personnes en bénéficient chaque année. Pour être admissibles, les gens doivent avoir des «symptômes francs» de problème de santé mentale, sans toutefois avoir obligatoirement un diagnostic officiel, a indiqué la chef de service.

Les références peuvent provenir de plusieurs sources : de la population, des services policiers, des psychiatres, entre autres. L’accès aux services doit préalablement passer par le CLSC, via l’accueil psychosocial. «Les gens peuvent également composer le 811, a mentionné Andrée-Anne Roberge, puis choisir l’option 2 pour avoir de l’aide.»

«On tente par tous les moyens, parfois de façon très créative, d’offrir du support par le biais de plusieurs techniques.»

— Karine Rioux, infirmière clinicienne et chef d’équipe SIF

LA VOIX DE BROME-MISSISQUOI

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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