REDEVENIR CHAMPIONNE APRÈS UNE GROSSESSE

Son grand retour à la compétition après une absence de 21 mois aura lieu dans les prochaines heures dans la capitale canadienne.

Plus précisément dimanche matin, à 7 h, lorsque le coup d’envoi sera donné au Marathon international d’Ottawa.

Melat Kejeta n’a pas disputé de courses depuis sa sixième place aux Jeux olympiques à l’été 2021, à Tokyo. « J’étais enceinte à ce moment-là, mais je l’ignorais », se rappelle l’athlète allemande qui est née en Éthiopie.

« Je l’ai appris peu de temps par la suite alors que je me préparais en vue d’un autre marathon », explique-t-elle.

Vice-championne du monde au demi-marathon en 2020, Kejeta a décidé de mettre sa carrière sur pause. D’abord pour se concentrer sur sa nouvelle vie de mère de famille.

Sa fille vient de fêter son premier anniversaire de naissance.

« Elle me verra pour courir pour la première fois », souligne l’athlète âgée de 30 ans, qui a amené son premier-né avec elle à Ottawa.

Kejeta se pointe au Canada avec deux buts en tête.

D’abord, elle tentera de se qualifier en vue des championnats du monde qui se dérouleront en août à Budapest, en Hongrie. Ce sera sa seule occasion d’obtenir son laissez-passer.

Sa préparation a été tout sauf facile.

Kejeta a dû jongler avec l’allaitement, les nuits blanches, l’entraînement et son travail de policière à Baunatal, où elle demeure avec sa famille. Elle court en moyenne 160 km par semaine.

« J’ai eu des problèmes avec mes hanches, il y a quelques semaines. Ça va mieux, même si je ressens encore un peu de douleur. »

La principale intéressée s’est aperçue que son corps avait changé en raison de sa grossesse. Elle prend le tout comme une source de motivation.

« Je veux montrer que les mères sont fortes et peuvent accomplir ce qu’elles désirent », explique Melat Kejeta.

Cette dernière représente l’Allemagne sur la scène internationale depuis 2019, six ans après être arrivé dans ce pays à titre de réfugiée éthiopienne. Sa nouvelle terre d’accueil lui a permis de rencontrer, lors d’une balade en train, l’homme qui allait devenir son conjoint. Elle a aussi pu obtenir un emploi de rêve.

« J’ai adoré l’entraînement militaire qui m’a mené vers ce travail », avoue-t-elle.

Dimanche, la victoire risque de se jouer entre Kejeta et « une ou deux autres marathoniennes éthiopiennes ». C’est du moins la prédiction du coordonnateur des athlètes élites à la Fin de semaine des courses d’Ottawa, Dylan Wykes.

« Aberu Mulisa vient de réaliser son meilleur temps à vie au Marathon de Séville en deux heures, 21 minutes et 54 secondes. Reste à voir comment elle va réagir à sa première course depuis ce résultat. Certains coureurs ont tendance à aller encore plus vite. D’autres, ça va moins bien. » Ce que Wykes sait ?

« Aberu possède le temps le plus rapide de toutes les femmes inscrites au Marathon d’Ottawa », indique-t-il.

La plus sérieuse candidate canadienne en vue de la course est Malindi Elmore, 43 ans, de Kelowna, en Colombie-Britannique. La double Olympienne connaît bien Melat Rejeta, ayant terminé non loin derrière elle aux Jeux en 2021, prenant le neuvième rang.

Son record personnel remonte à janvier 2020 quand elle avait complété le Marathon de Houston en deux heures, 24 minutes et 50 secondes. Il s’agit du temps le plus rapide de l’histoire chez les femmes canadiennes.