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Le destin fabuleux de Mathieu Caron

PATRICK DUQUETTE CHRONIQUE pduquette@ledroit.com — LA TRIBUNE , JESSICA GARNEAU

Mathieu Caron est un jeune autiste de 23 ans qui s’est donné comme mission de livrer un jour un discours à l’ONU, devant tous les puissants de ce monde.

Ce serait un discours à la Martin Luther King ou à la Greta Thunberg. Il porterait le message suivant: nous sommes tous différents, donc la différence n’existe pas.

Et si vous doutez de son sérieux, sachez qu’il a déjà obtenu de dîner en toute intimité à la droite de François Legault pendant plus d’une heure dans un restaurant de Sherbrooke.

Vous en connaissez beaucoup des gens ordinaires qui dînent en tête à tête avec le premier ministre du Québec? Moi non plus.

Son truc?

Il a développé un talk-show atypique qu’il diffuse sur les médias sociaux. Plein de célébrités et de politiciens ont accepté de répondre à ses questions sorties du champ gauche qui déstabilisent, font rire, créent des malaises… et émeuvent aussi.

À l’humoriste Daniel Grenier, il a demandé ce qu’il dirait à des maringouins pour les convaincre de l’épargner avec leurs piqûres.

Au magicien Luc Langevin, comment il se départirait d’un cadavre de moufette écrasée. «J’irais le cacher sous la voiture d’une personne que je déteste», a-t-il dit.

Il a même obtenu une rare entrevue avec François Pérusse (des 2 minutes du peuple): que préfères-tu entre marcher sur des blocs Lego et une plante carnivore? Réponse de Pérusse: il n’y a rien de pire que de marcher sur un bloc Lego. Je suis d’accord!

D’autres vedettes du showbizz ont accepté son invitation: Dominique Paquet, Simon Proulx des Trois Accords, Jean-Sébastien Girard, qui a adoré l’originalité de l’entrevue. «Personne ne m’a jamais posé les questions que tu m’as posées», a-t-il dit à Mathieu Caron.

Mais j’en reviens au plan de Mathieu Caron: livrer un discours devant l’ONU. Le prochain gros nom sur sa liste est le premier ministre Justin Trudeau qui a décliné jusqu’ici ses demandes d’entrevues.

Qu’à cela ne tienne, Mathieu Caron a un plan.

Il m’a expliqué qu’il n’avait pas obtenu l’entrevue avec François Legault du premier coup. Il était passé par Geneviève Hébert, députée de Saint-François. Il veut répéter la même recette au Parlement.

C’est pourquoi il descend deux fois à Ottawa, en juin. Le temps de faire des entrevues atypiques avec 4 ministres du cabinet Trudeau: Pascale Saint-Onge (Sports), Marie-Claude Bibeau (Agriculture), Steven Guilbeault (Environnement) et Jean-Yves Duclos (Santé). «Entre deux questions atypiques, je vais leur demander une lettre de recommandation auprès de Justin Trudeau», m’explique-t-il.

Et une fois qu’il aura obtenu l’entrevue avec le PM, il lui demandera une lettre de recommandation pour s’adresser à l’ONU.

Le gars a de la suite dans les idées.

Vous doutez encore de son sérieux? «Rien ne peut l’arrêter», soutient sa mère Julie Perreault.

Elle m’a raconté le parcours atypique de son fils dans le système d’éducation, d’une classe spécialisée à l’autre. La dégringolade à compter du milieu du primaire. L’estime de soi qui en prend un coup. Le sentiment d’être un bon à rien. En plus, il a fait une méningite…

C’est durant ces années difficiles que ses parents lui ont martelé un message qui allait faire la différence dans sa vie. «On a commencé à lui dire: tu es différent, mais tout le monde est différent à sa manière», raconte sa mère.

Mais le grand déblocage, ce qui a changé la vie de Mathieu Caron, ce sont ses entrevues atypiques. Au début, c’était juste pour faire la promotion des entreprises de Sherbrooke. «Sauf que les gens ont commencé à embarquer. Il a commencé à faire des entrevues avec des personnalités publiques. Le propriétaire d’un café, où il tournait ses entrevues, lui a offert un emploi», raconte sa mère.

Quand il a obtenu l’entrevue avec François Legault, ses parents sont tombés sur le derrière. «Plus ça va, plus ça grossit. On se sent petits à côté de lui!», dit sa mère.

«Ce que je suis en train de faire là, je n’aurais jamais osé le faire il y a 4 ans, me dit Mathieu

Caron. Mon message, c’est qu’il ne faut pas s’arrêter à un diagnostic. Sinon, on n’aura pas l’audace d’accomplir ce qu’on à accomplir. Avec les entrevues atypiques, je me suis découvert une passion. Et même si les gens que j’interviewe sont célèbres, je m’en fous. Ce sont des humains, comme moi.»

Son message, il me l’a aussi exprimé de cette manière: «Chacun de nous recèle une étincelle de génie à l’intérieur de lui. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité à grimper un arbre, il va passer sa vie à croire qu’il est stupide».

Et pourtant, Mathieu, dans ton monde où rien n’est impossible, je suis convaincu que même les poissons arrivent à grimper aux plus hautes branches.

CHRONIQUES

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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