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PLUS POLYVALENTS QUE JAMAIS

KARINE BLANCHARD karine.blanchard@lavoixdelest.ca

Jour et nuit, ils sont parés à toute éventualité. Arrêt cardiaque, choc anaphylactique, blessures traumatiques, obstruction des voies respiratoires, accident vasculaire cérébral. Le travail des paramédics va bien au-delà du transport des patients dont l’état de santé nécessite des soins immédiats. Au fil du temps, leur métier s’est professionnalisé, ce qui fait d’eux des experts sur le terrain.

« Tout ce qui est hors du centre hospitalier, du domicile à l’hôpital, on touche à tout. On est polyvalents », résume Marc Henri, paramédic à Granby qui cumule 21 ans d’expérience.

Son coéquipier des 10 dernières années, Benoit Dufresne, abonde dans le même sens. « La profession est passée d’un transporteur spécialisé à des professionnels de la santé en préhospitalier », renchérit-il.

Auparavant, leur ambulance était équipée d’un défibrillateur cardiaque, d’un « combitube » (aide à la ventilation des voies respiratoires) et d’un ballonmasque ventilatoire. Au cours des 20 dernières années, les deux intervenants d’urgence à l’emploi de l’entreprise Dessercom, ont été à même de constater tous les ajouts leur permettant d’offrir toujours davantage de soins aux patients. « Les citoyens ne sont pas très au courant de l’évolution, souligne

M. Dufresne, qui est lui aussi paramédic depuis 21 ans. Quand ils voient notre équipement, certains disent qu’on est équipés comme des médecins. »

Grâce à des connaissances plus avancées tant au niveau de l’anatomie que de la physionomie, une hausse des actes qu’ils ont l’autorisation de poser, de nouveaux instruments médicaux et l’accès à certains médicaments, ils peuvent intervenir davantage auprès du patient en lui donnant des soins plus diversifiés qu’auparavant, et ce, dans le but de réduire la morbidité et la mortalité.

« On traite davantage le patient sur place. Quand on arrive à l’hôpital, il a pris du mieux. On améliore la santé du patient durant le transport alors qu’avant, on lui mettait de l’oxygène et on s’en allait le plus rapidement possiblement vers l’hôpital », illustre M. Henri, un ancien pompier.

Ces intervenants d’urgence peuvent maintenant désobstruer les voies respiratoires, par exemple. Les médicaments qu’ils peuvent administrer seront bientôt plus nombreux avec l’ajout du midazolam pour traiter les

convulsions et du fentanyl, un narcotique, pour soulager la douleur, explique Francis Brisebois, coordonnateur aux communications chez Dessercom.

ORIENTER LE PATIENT AU BON ENDROIT

Les spécialistes du domaine pré-hospitalier sont aussi habiletés à transporter le patient vers le bon centre de soins alors qu’auparavant, leur seul port d’attache était l’urgence de l’hôpital de Granby. « Quand ils ont besoin de soins plus spécifiques, on est capables de reconnaître ce dont ils ont besoin, ce qui entraîne moins de perte de temps », expose M. Dufresne.

Lorsqu’un paramédic effectue un électrocardiogramme sur un patient et qu’un infarctus est identifié, le patient sera directement orienté vers le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke pour recevoir des traitements en hémodynamie. « Avant, on arrêtait à Granby tandis que maintenant, on va directement là où le patient doit recevoir les soins dont il a besoin. C’est la même chose pour la traumatologie », expose M. Henri.

Les secouristes ont aussi expérimenté la régulation par co-évaluation en collaboration avec le CLSC de Granby. Si, par exemple, une personne âgée vivant seule est victime d’une chute, les paramédics vont contacter le CLSC. Celui-ci offrira ensuite le soutien dont l’aîné a besoin.

Le référencement permet aussi à un patient, dont l’état de santé ne nécessite pas qu’il soit vu à l’urgence, d’être dirigé plutôt vers le CLSC qui l’aidera à prendre rendez-vous chez son médecin de famille, par exemple.

ÊTRE MIEUX RECONNU

Durant la pandémie, des décrets gouvernementaux ont permis aux paramédics d’en faire plus. Benoit Dufresne est d’ailleurs l’un de ceux ayant mis sur pied une unité de vaccination mobile, notamment dans les résidences pour aînés et les ressources intermédiaires. « Ça nous a sortis de notre zone de confort, reconnaît-il. Avec l’expérience que nous avons, nous sommes capables de nous adapter à différentes situations. Je suis fier qu’on ait prouvé que les paramédics ont leur place et qu’ils sont capables de s’impliquer dans le système de la santé. »

Au plus fort de la pandémie, les intervenants ont aussi été déployés dans les centres de dépistage.

« On a prouvé au gouvernement et à la population que les paramédics sont en mesure de poser ces actes médicaux, estime M. Brisebois. Cela diversifie la profession. Les paramédics étaient contraints de travailler dans une ambulance, mais durant la pandémie, on a été en mesure [d’élargir nos interventions]. »

Les paramédics veulent en faire plus dans le réseau de la santé. La création d’un ordre professionnel pourrait d’ailleurs faire. avancer la profession, selon M. Dufresne. « Plusieurs possibilités vont s’ouvrir à nous quand on aura un ordre professionnel. »

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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