S’ACCROCHER À LA LUMIÈRE

Il y a toujours une brèche de lumière. Même dans les moments les plus sombres. Et les personnages principaux du roman Des jardins secrets remplis d’orties en sont la preuve. Dans son nouveau roman, Dominique Bertrand met en scène, avec un brin d’humour noir, des êtres qui, même au fond du baril, reprennent le contrôle de leur vie.

Après Le pot au rose et Le coeur gros, Dominique Bertrand examine l’existence d’individus qui ont grandement souffert et qui marchent finalement vers la lumière.

« Je pense que ça peut rejoindre à peu près tout le monde. On vit tous un jour ou l’autre une période où on se dit "je ne m’en sortirai jamais". Là, on a trois poqués qui n’ont plus d’issues et qui retrouvent malgré tout le goût à la vie ainsi que l’envie d’aimer », relate Dominique Bertrand.

Le souffle des Jardins secrets remplis d’orties tourne ainsi autour de la façon dont les protagonistes reprendront le contrôle de leur existence.

On rencontre notamment Clara, une femme déprimée qui décide d’abandonner son quotidien chic et rangé pour rouler le plus loin possible de chez elle. Une fois son réservoir de carburant vidé, loin de sa maison « pleine de silence et full marbre de Carrare », elle atterrira au Thank God.

C’est dans ce truck-stop miteux aux relents de moisissures qu’elle fera la connaissance de Richard, un camionneur brisé par des épreuves familiales. Ensemble, ils apporteront un peu de chaleur au quotidien de Symone, une jeune serveuse enceinte et victime de violence conjugale.

À TÂTONS VERS LA LUMIÈRE

Tout au long des 256 pages de son roman, Dominique Bertrand aborde donc des sujets sombres et délicats tels que la violence faite aux femmes ou encore différentes formes d’abus sexuels.

« Mes personnages vont vers la lumière. Tout croche, à tâtons, contre la loi, mais ils y vont. Ils ont du courage! » soutient l’ancienne mannequin internationale et animatrice, qui affirme s’être « payé la traite » pendant l’écriture de son récent livre.

Si la création des Jardins secrets remplis d’orties a été « comme un exutoire » pour elle, l’autrice espère qu’il en sera de même pour ses lecteurs.

« Tous ceux qui un jour ou l’autre ont été traités injustement vont jouir lors de certains passages! Ça fait du bien », lance Dominique Bertrand.

L’histoire de ces êtres qui « renaissent de leurs cendres » de façons peu orthodoxes a d’ailleurs déjà conquis le milieu de la télévision. Les droits d’adaptation de l’ouvrage ont été acquis avant même sa parution.

PARLER DE SOUFFRANCE

Dominique Bertrand affirme avoir injecté toute sa sensibilité dans la création de ce livre. Certains passages, plus durs, plus violents, ont d’ailleurs été difficiles à écrire sans verser quelques larmes, assure-t-elle.

Elle a toutefois tenu à raconter les histoires de Clara, Richard et Symone. Pourquoi? Pour montrer que la souffrance s’incruste dans toutes les sphères de la société, qu’on soit riche ou non.

Il ne faut jamais dire jamais, mais Dominique Bertrand est catégorique : elle ne compte pas de sitôt plonger dans une histoire fleur bleue où règnent la joie et les bons sentiments.

« J’ai eu une enfance difficile. J’ai grandi dans une bonne famille, mais j’étais une enfant anxieuse, angoissée. Je suis toujours attirée par des personnages qui souffrent parce que j’essaie de consoler ma propre peine », confie la sexagénaire.

L’autrice, qui a étudié en littérature et travaillé brièvement dans une maison d’édition avant d’oeuvrer dans le monde du mannequinat, souhaite également contribuer à l’ouverture de la discussion sur la santé mentale.

« J’aimerais que mes lecteurs [qui sont blessés] trouvent un certain soulagement dans mes livres. Pour qu’ils sentent qu’ils sont compris, qu’ils ne sont pas seuls. Mes personnages aussi traversent [des moments difficiles] et ils s’en sortent », affirme Dominique Bertrand.