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De Québec au Temple de la renommée, en passant par Ottawa

MARTIN COMTOIS mcomtois@ledroit.com

Onze questions en 40 minutes relatant son parcours de cinq décennies et demie. Onze longues réponses intéressantes de la part du premier entraîneur francophone de l’histoire de la Ligue canadienne de football (LCF).

Jacques Dussault effectuera son entrée au Temple de la renommée du football canadien en septembre prochain à titre de bâtisseur. Il fait partie de la cuvée 2023 dévoilée jeudi qui comprend les anciens joueurs John Bowman, Solomon Elimimian, Josh Bourke, Lloyd Fairbanks et Larry Crawford de même que l’ancien commissaire Larry Smith.

Le septuagénaire natif de Québec s’est entretenu avec les médias lors d’une visioconférence qui a été tout sauf ennuyante. Il a été question de tout.

Que ce soit son coup de foudre pour le football à l’âge de cinq ans en voyant un match universitaire au «canal 2» ou «canal 5», de ses années dans le coaching notamment chez les Concordes, les Alouettes, la Machine et les Carabins ou de ses deux fils François et Jean-Michel qui dirigent à leur tour chez les Diablos du Cégep de Trois-Rivières.

«J’étais content au début que mes garçons se retrouvent dans le coaching. Mais à un moment donné, tu dois faire attention de ne pas mettre ton nez dans ce qui ne te regarde pas. Ça aurait été plus pratique pour moi s’ils étaient plutôt dentistes», lance Jacques Dussault en riant.

Son passage à l’Université d’Ottawa a aussi été abordé.

Car avant de devenir entraîneur, Dussault a été joueur. Après son séjour dans les rangs collégiaux à Trois-Rivières, il a porté les couleurs des Gee Gees en tant que secondeur en 1972. Sa seule saison dans la capitale nationale a été marquée par «énormément de blessures».

Ça ne l’avait pas empêché à un certain moment de prendre la relève du capitaine de l’équipe et futur joueur des Eskimos d’Edmonton, Dale Potter, qui avait été victime à son tour d’une blessure.

«Je me suis fait de bons amis là-bas. C’était l’époque où Don Gilbert est l’entraîneur-chef. Il y avait énormément d’Américains de la région de Buffalo qui jouait pour l’équipe», relate Dussault.

«J’arrivais du Cégep de TroisRivières. Il y avait au-dessus de 100 joueurs au camp d’entraînement. Je n’avais jamais vu ça auparavant. On coupait aussi des joueurs après la première pratique! Je me demandais sur quelle planète je me retrouvais.» Cela l’avait fouetté. Dussault ne voulait pas être «mis dehors» à son tour. Il voulait servir d’inspiration à de futurs Diablos qui voudraient faire le saut à leur tour dans les rangs universitaires.

Parmi ses autres coéquipiers chez les Gee-Gees, il y avait le porteur de ballon Neil Lumsden, qui a connu par la suite une longue carrière professionnelle l’amenant jusqu’au Temple de la renommée en 2014.

«Je me souviens de la première fois que je l’ai plaqué. À son arrivée à Ottawa, il pesait 260 livres. Je peux te dire que lorsque tu reçois ça dans le front, ça réveille un peu!»

Des raisons académiques l’ont poussé à se joindre à McGill pour les deux saisons suivantes, où il obtiendra notamment un baccalauréat en enseignement de l’éducation physique.

Ce fut ensuite le saut vers le coaching qui l’amènera un peu partout, des écoles secondaires du Québec à l’Europe en passant par trois universités américaines, un collège américain, la défunte Ligue mondiale de même que la Ligue canadienne de football. Une page de journal n’est pas assez longue pour énumérer sa feuille de route.

Entre toutes ces aventures, il y a eu sa présence dans les médias, où il aidera à mousser le football à de nouvelles générations, que ce soit à TVA, TQS, CKAC et Radio-Canada.

On a souvent dit de lui qu’il a été un pionnier en étant le premier francophone à joindre un personnel d’entraîneurs de la LCF en 1982. Même chose en dirigeant dans la NCAA.

À ce sujet, Dussault affirme «n’avoir jamais eu l’impression d’être un pionnier», même s’il était conscient que des barrières venaient de tomber.

«Quand je suis allé coacher à Albany State et toutes ces places, c’est vrai qu’ils (dirigeants) n’avaient jamais vu de francophones auparavant. Mais je ne ressentais pas de pression. Je voulais par contre que la porte soit ouverte si jamais un autre arrivait avec un nom bizarre pour eux – parce qu’avec un nom comme Jacques Dussault, je peux dire que je ne me suis jamais fait appeler de la bonne façon durant toutes ces années», relate-t-il avec son sens de l’humour habituel.

«Je ne voulais pas qu’ils disent: on en a eu un comme ça, on n’en veut pas un deuxième. Pour moi, c’était très important que les autres (francophones) qui voudraient vivre ce genre d’expérience n’aient pas une prise contre eux parce qu’une personne n’avait pas impressionné qui que ce soit avant eux.»

MAG SPORTS

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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