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LA DEUXIÈME VIE D’UNE B7

KARINE BLANCHARD karine.blanchard@lavoixdelest.ca

« [...] Tu vois cette machine-là et c’est comme une torpille dans la neige. C’est beau à voir. »

— Charles Bouchard, restaurateur de cette autoneige Bombardier

Si certains attendent impatiemment l’arrivée du printemps, Charles Bouchard, lui, jubile en observant tomber les flocons. Après 12 ans de travail acharné, il peut maintenant savourer chaque minute passée sur un tapis blanc avec son B7, une autoneige construite par Bombardier à Valcourt en 1941, qu’il a restaurée pièce par pièce.

«C’est le trophée ultime d’un collectionneur d’autoneige, lance Charles Bouchard en déneigeant son magnifique bolide de couleur crème. Le B7 a été produit de 1936 à 1944, ici, à Valcourt.» Selon lui, 140 à 150 exemplaires ont été produits.

Cette autoneige B7 — B pour Bombardier et 7 pour le nombre de passagers — est un véritable chefd’oeuvre. Mais, elle n’a pas toujours eu cette apparence. «Je l’ai trouvée de l’autre côté de Trois-Rivières dans un état pitoyable», dit son propriétaire, photos à l’appui.

Le véhicule n’était plus qu’un amas de ferraille. M. Bouchard a apporté le tout dans son atelier adjacent à sa résidence d’Eastman. Ses recherches lui ont permis de mettre la main sur une photo du véhicule original. Au fil des ans, il a pu compter sur l’aide de son fils et d’amis pour redonner vie à ce véhicule emblématique.

«Chaque pièce que tu as entre les mains, c’est un projet. Et il ne faut pas la briser. Les pièces qui sont vraiment rares, que tu ne peux pas trouver, tu les fais toi-même», explique le quinquagénaire, qui a documenté en photos toutes les étapes de la restauration.

Le collectionneur est un véritable touche-à-tout: ferblantier, menuisier et mécanicien. Toutes ces connaissances sont nécessaires pour remettre en état un véhicule et arriver à un résultat identique à la conception d’origine.

«On fait tout. Jusqu’à la clé dans la switch, résume M. Bouchard. On commence sur un châssis et on garde toutes les pièces d’origine. J’appelle ça des os. Et j’essaie de reproduire toutes [les autres pièces] et de respecter la manière qu’était faite la machine, que ce soit le matériel qu’ils avaient dans le temps et la manière qu’ils avaient de faire ces machines-là.»

UNE AUTONEIGE EXCEPTIONNELLE

Le résultat est spectaculaire. L’autoneige est identique à celle de la photo. Le véhicule, qui a appartenu jadis à la famille Leclerc, alors propriétaire de la laiterie de Granby, a jadis servi à la livraison de produits de l’entreprise, dont la crème glacée.

«Je l’ai fait comme il était en 1941, incluant le lettrage et la carriole à lait à l’arrière, décrit Charles Bouchard. C’est en respect à la Ville de Granby et à M. Leclerc parce que c’est un exemplaire qui a été fait dans les usines de Valcourt pour la laiterie de Granby, elle s’appelait Perfection à ses débuts, et a fermé en 1954.»

Des autoneiges de collection, le passionné en a restauré quatre jusqu’ici. «L’autoneige Bombardier, ça nous fascine parce que c’est un Québécois qui a réussi, ici, dans la région. Et c’est mondial. La collection d’autoneiges Bombardier comprend peu d’exemplaires, c’est sûr que c’est des pièces rares. Les

snowmobiles, c’est impressionnant encore après 80 ans. Tu vois cette machine-là et c’est comme une torpille dans la neige. C’est beau à voir.»

Pas question pour lui de se départir de sa dernière réalisation, même s’il a reçu des propositions monétaires alléchantes. En revanche, il espère de tout coeur retracer des membres de la famille Leclerc ou certains de leurs proches qui posséderaient des clichés du bolide original. «J’aimerais tellement ça. J’ai réussi à avoir une seule photo. Pourtant, c’est notre histoire», fait-il valoir.

L’appel est lancé!

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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