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ZONES D’OMBRE ET MAINS TENDUES

GENEVIÈVE BOUCHARD gbouchard@lesoleil.com Au nord d’Albany est présenté au cinéma.

À la barre de son premier long métrage, Marianne Farley livre une histoire toute en nuances et en humanité dans Au nord d’Albany. Pas d’immense coup d’éclat, mais une prémisse juste assez surprenante, un jeu solide et des personnages qui touchent droit au coeur.

Nommée aux Oscars en 2019 pour le court Marguerite, la réalisatrice connue aussi comme actrice a plongé dans l’aventure d’Au nord d’Albany dans le contexte pas évident de la pandémie.

Cette pression a-t-elle nourri le fond anxiogène sur lequel est construit le récit? Peut-être. En conservant ces racines, mais en réussissant aussi à nous élever vers quelque chose de plus lumineux, la coscénariste et réalisatrice nous livre un film touchant, rempli de zones d’ombre et de mains tendues.

Victime d’intimidation, la jeune Sarah (Zeneb Blanchet) encaisse jusqu’à ce qu’elle soit poussée à bout. Un soir, elle réplique et blesse grièvement celle qui la harcèle.

Confrontée aux actions de sa fille, Annie (Céline Bonnier) panique et choisit la fuite. Avec ses deux enfants, elle prend précipitamment la route des États-Unis, en direction de la Floride.

Une panne de voiture vient toutefois mettre un frein au périple, tout près d’un petit patelin des Adirondacks où tout le monde se connaît.

Parmi les résidents qui croiseront leur chemin, le mécanicien local (Rick Roberts), un homme blessé entretenant lui-même une relation complexe avec sa fille adolescente (Naomi Cormier).

Tout près, la matriarche du clan (Janet Land), femme pétillante et accueillante, prendra sous son aile pendant ce moment trouble ces Québécois qui baragouinent l’anglais.

FUITE EN INERTIE

Au nord d’Albany propose un récit nourri par la fuite : celle d’une mère qui se tourne vers cette solution par réflexe, celle d’une fille qui suit son exemple, celle d’un père présent de corps, mais pas toujours de coeur depuis qu’il a traversé des événements tragiques.

Construit sur des retours en arrière permettant d’apprendre à connaître les personnages en quelques flashs, le scénario cosigné par Marianne Farley et Claude Brie réussit également à mettre en évidence le pouvoir de l’inertie.

En pause forcée dans un milieu inconnu, dans un bled où le réseau cellulaire a de quoi faire rager, la famille aura le temps de réfléchir.

Pour l’ado renfermée Sarah, ça passera par quelques réalisations déchirantes, mais édifiantes. Pour sa mère, qui ne semble pas ellemême complètement sortie de l’adolescence, le moment sera propice à des éclats de lucidité.

Le plus jeune fiston, incarné par un craquant Eliott Plamondon, arrive comme une bouffée d’innocence dans un film qui ne cultive pas le misérabilisme.

Nous voilà seulement devant des humains qui font des erreurs et qui essaient de les réparer. Ou d’autres, tout aussi imparfaits, qui sont peutêtre juste prêts à donner un break à leur prochain.

ARTS ET SPECTACLES

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2022-12-03T08:00:00.0000000Z

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