QUEL AVENIR POUR LE TOURNOI DE TENNIS ?

Alain Faucher, qui veut prioriser sa santé, quitte la direction des Championnats Banque Nationale de tennis

À 74 ans et malade, Alain Faucher a enfin décidé de faire de sa santé sa priorité.

Après 16 ans à la tête du Challenger devenu les Championnats Banque Nationale de tennis de Granby, l’avocat à la retraite a décidé de laisser la direction du tournoi, de passer le flambeau. Sa décision est effective avec la parution de ce texte puisqu’aucun communiqué ou conférence de presse n’est prévu.

« Il faut que je pense à moi, je suis rendu là, a commencé par dire Faucher, qui a communiqué directement avec l’auteur de ces lignes depuis sa résidence de la Floride pour lui annoncer la nouvelle. En pensant davantage à moi, je vais aussi penser davantage aux gens de ma famille, qui sont inquiets. La décision est difficile, elle m’arrache le coeur, mais je suis rendu là… »

La président et directeur général des Championnats Banque Nationale combat la maladie depuis 2018. Les gens qui composent le petit monde du tennis à Granby sont témoins des moments difficiles que lui fait vivre son état de santé fragile depuis des années. Mais il faut être très proche de lui afin qu’il accepte de s’ouvrir sur sa situation.

« C’est difficile. Les traitements m’ont permis de maintenir une qualité de vie acceptable, même si j’ai dû ralentir. Là, j’ai de sérieux problèmes avec ma vue, conséquence des traitements en question, et je n’ai pas beaucoup d’énergie. Je revois mes médecins en début de semaine, ça a l’air qu’ils ont des choses à me dire. Peut-être qu’on va essayer un nouveau traitement, je ne sais pas. »

Car il entend se battre. Jusqu’au bout. « Je suis malcommode, les gens qui m’entourent le savent ! », a-t-il lancé en riant de bon coeur.

C’est d’ailleurs à la suite d’un appel d’un de ses médecins qu’il a décidé qu’il devait mettre une croix sur son poste aux Championnats Banque Nationale.

« C’était au beau milieu du dernier tournoi. Le mercredi, je pense. Je vais vous épargner les détails, mais j’ai alors compris qu’il fallait que je concentre toutes mes énergies sur mon combat. Parce que je veux vivre le plus longtemps possible. »

Il a ensuite avisé Eugène Lapierre de ses intentions. Et Lapierre l’a à son tour avisé qu’il entendait laisser la direction de l’Omnium Banque Nationale.

« Je me rappelle avoir dit à Eugène : ‘On peut pas partir en même temps ! ’ Il m’a répondu : ‘Je pense que ça va être ça, mon Alain ! ’ »

UN GRAND PDG

Le tournoi de tennis de Granby est un modèle de stabilité. Laurent Valiquette et Eugène Lapierre ont mis l’événement au monde en 1995 et le Challenger, devenu les Championnats Banque Nationale, n’a connu que deux directeurs du comité organisateur en Valiquette et Faucher. Si le premier a été le père du tournoi, le second l’a amené toujours plus loin.

Oui, Alain Faucher aura été un grand PDG.

« J’ai fait de mon mieux, a-t-il dit. J’aime le tennis, j’aime ma ville et j’ai fait tout ce que j’ai pu. Et je sais qu’il y a encore des choses à faire. Mais ce n’est pas moi qui va s’en occuper. »

Sous la direction de Faucher, le Challenger a ajouté un tableau féminin, les bourses ont sans cesse augmenté, des améliorations importantes ont été apportées au site et Granby est maintenant l’hôte d’un tournoi de type 250 de la WTA au même titre que de grandes villes de la planète.

« Je quitte au moment où le tournoi arrive à un carrefour. Et je veux que les gens qui vont prendre la relève aient les coudées franches. Et j’ai espoir que mon départ fasse avancer certains dossiers. »

Alain Faucher n’ira pas jusqu’à dire qu’il est inquiet pour l’avenir des Championnats Banque Nationale, mais…

« Il ne faut pas prendre ce qu’on a pour acquis. On a de la pression, vous le savez. La WTA attend un plan. »

Les proches collaborateurs de Faucher ont été mis au courant tout récemment de la décision de l’homme. Et rapidement, un comité « transitoire » a été formé. François Brodeur, Serge Bouchard, Robert Grondin, Jean-Luc Laurin et Denis Gauthier vont assurer la direction du tournoi jusqu’à nouvel ordre.