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CES FEMMES QUI SE TIENNENT DEBOUT

ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdelest.ca

En tournant Notre Dame de

Moncton, son deuxième long métrage en carrière, Denise Bouchard a voulu porter un regard empathique et sans jugement sur l’autre, à travers le geste, la parole et l’image. La réalisatrice acadienne s’attarde ici au destin de deux femmes que tout sépare, mais qui, ensemble, trouveront l’apaisement.

L’histoire est celle d’Anna (Laurie Gagné), que la vie n’a pas épargnée. Sans le sou, forcée de vivre momentanément dans la rue, elle apprend au même moment que le fils qu’elle a dû donner en adoption 20 ans plus tôt cherche à la revoir. Bouleversée, fuyante, Anna trouve refuge en cachette dans le sous-sol de Victorine (Louise Turcot) et d’Hergé (Gilles Renaud), un couple âgé qu’un drame vient briser. Contre toute attente, les deux femmes se lient d’amitié pour puiser la force de continuer.

« Quand ils se retrouvent en difficulté, il y a des gens qui vont vers l’avant et qui luttent. À travers Anna et Victorine, je voulais représenter ces femmes qui se tiennent debout. C’est une affirmation. Je ne voulais pas victimiser mes personnages. Je souhaitais un truc ‘‘feel good’’! », explique Denise Bouchard.

Le titre du film a plusieurs évocations, ajoute-t-elle. « Pour moi, une dame, c’est une femme qui un regard sur l’autre, qui va vers l’autre. J’ai aussi tourné dans le quartier Notre-Damede-l’Assomption à Moncton. Tout le tournage s’est fait autour de la cathédrale. J’y tenais, car c’est aussi là qu’il y a le plus d’itinérants.»

Denise Bouchard a toutefois voulu éviter les stéréotypes. Pour ce récit écrit par Mélanie Léger, elle a imaginé son Anna comme une travailleuse saisonnière vivant un moment précaire dans sa vie, piégée dans les tracasseries de l’assurance-emploi.

CHOISIR LAURIE

Pour la cinéaste, le choix de la Granbyenne Laurie Gagné pour incarner cette ex-toxicomane tout en dignité relève d’un véritable coup de foudre professionnel.

« Laurie est un être d’une grande intelligence, volontaire et à la sensibilité à fleur de peau. Elle est entrée à l’audition et avant même qu’elle parle, j’ai senti son aura et son énergie. Elle m’a rentrée dedans. La caméra l’aime. Elle a porté le film solidement. Je suis contente que les gens la découvrent », se réjouit Denise Bouchard.

Quant à l’interprète de la belle et résiliente Victorine, son idée était déjà faite : il fallait que ce soit Louise Turcot.

« J’ai un grand respect pour elle. C’est une femme d’équipe, curieuse, drôle, qui met tout le monde à l’aise. C’est une grande dame... comme Laurie! »

Si Notre Dame de Moncton aborde la complicité naissante entre les deux femmes, d’autres relations sont aussi mises en parallèle : celle, compliquée, de Victorine avec son mari Hergé, celle, hésitante, entre Anna et son fils Jason (Thomas Lapointe), tout comme l’idylle qui fleurit entre Jason et Estelle (Frédérique Cyr-Deschênes).

Pour ajouter à la profondeur de ces histoires et de ces personnages, Denise Bouchard a volontairement limité les dialogues, de concert avec l’autrice. Car en mettant l’accent sur les gestes et les plans rapprochés, cela permettait « d’ouvrir le champ de réflexion du spectateur », affirme-t-elle.

« Laurie est un être d’une grande intelligence, volontaire et à la sensibilité à fleur de peau. Elle est entrée à l’audition et, avant même qu’elle parle, j’ai senti son aura et son énergie. Elle m’est rentrée dedans.»

— Denise Bouchard

Notre Dame de Moncton sort en salle le 24 mars.

CINÉMA

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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