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QUEL AVENIR POUR LE HOCKEY CIVIL ?

MICHEL TASSÉ michel.tasse@lavoixdelest.ca Le hockey civil est en crise, mais sa pertinence demeure selon les observateurs. — ARC⋆IVES LA VOIX DE L’EST, STÉP⋆ANE C⋆AMPAGNE

L’abandon du programme AAA et AAA élite à l’école secondaire Massey-Vanier, une décision de Vics Hockey Excellence, a fait jaser pour la peine cette semaine. La santé de notre hockey inquiète de plus en plus. Celle du hockey civil en particulier.

La question se pose : quel est l’avenir du hockey civil chez nous et au Québec ? Surtout alors que le hockey scolaire s’impose de plus en plus.

À l’Association Hockey Jeunesse de Granby, le président Denis Bessette ne s’en cache pas. Il y a « sept, huit ans », l’association comptait 800 joueurs, en comparaison avec quelque 500 aujourd’hui. Mais la pertinence du hockey civil demeure et demeurera, clame-t-il.

« Le hockey scolaire prend de la place, mais je ne l’ai jamais vu comme un adversaire pour le civil, explique-t-il. Le civil propose une offre, le scolaire en propose une autre. N’empêche que le civil, pour initier les jeunes et pour l’accessibilité, aura toujours sa place. »

Pour initier les jeunes. Car peu d’écoles primaires au Québec — et encore moins dans la région — offrent un programme de hockey. Et pour l’accessibilité. Car on va se le dire, ce ne sont pas tous les parents qui ont des milliers de dollars à mettre sur la table pour permettre à leur jeune de jouer au hockey dans un cadre scolaire.

N’empêche que le hockey scolaire a une proposition très séduisante à bien des égards. Comme celle de l’horaire.

« Y’a des parents qui nous disent : “Moi, ça fait mon affaire que le plus gros de vos activités soit la semaine, pendant les heures de cours”, souligne Jean-Vincent Piette, coordonnateur du programme de hockey à l’école secondaire du Verbe Divin. On mène une vie de fou et il y a des parents qui en ont assez de construire leur horaire de fin de semaine en fonction des entraînements et des matchs de hockey de leur enfant. »

Piette ne se réjouit pas des difficultés du hockey civil. Loin de là, insistera-t-il.

« Le hockey civil, ça reste la base de notre hockey. Si les plus jeunes ne s’inscrivent pas au civil, le scolaire va en payer le prix plus tard. Quand je vois le programme AAA et AAA élite qui ferme à MasseyVanier, ça m’inquiète. Est-ce que les meilleurs joueurs de hockey d’âge pee-wee et bantam de notre région vont s’exiler à Sherbrooke ? Est-ce qu’on va devoir envoyer nos jeunes de 13 et 14 ans vivre en pension ? Ça n’a pas de sens ! »

REVOIR L’OFFRE

Rémi Meunier est le directeur général de Hockey Estrie, qui travaille avec le hockey civil. Mais l’homme est aussi proche du scolaire de par son implication au hockey collégial. Selon lui, il faut voir plus loin que la simple comparaison entre le civil et le scolaire.

« La grande question, c’est : pourquoi est-ce qu’au Québec, pays de hockey, les jeunes pratiquent moins notre sport ? demande-til. Honnêtement, on est rendu à l’étape où il faut tout remettre en question. Nos dirigeants ont souffert de myopie trop longtemps et il faut aujourd’hui revoir l’offre de services de A à Z. Et je peux vous assurer que les gens vont être surpris par les changements que l’on risque de proposer. »

Meunier, un ex-athlète de niveau international en natation longue distance, est d’avis que tous les efforts doivent être mis afin d’élargir la base. Et en renforçant la base, on renforcera par conséquent l’élite.

« Et ça, ça passe inévitablement par le civil. La grande région de l’Estrie propose une qualité de vie exceptionnelle, il y a plein d’autres choses à faire pour un jeune à part jouer au hockey, mais il y a quand même des choses qui clochent dans le système. Il faut s’ouvrir les yeux et accepter que ça va peut-être faire mal. »

Toujours selon Meunier, le hockey scolaire offre « un cadre superbe pour le développement du joueur et de la personne ».

« Pourquoi est-ce qu’un parent va privilégier le scolaire aux dépens du civil ? Parce que le hockey sera un élément de persévérance scolaire important pour l’enfant et parce que l’horaire proposé va permettre à la famille de souffler. C’est pas compliqué, le parent qui paie 4000 $ ou 5000 $ par année pour envoyer son jeune jouer au hockey à l’école s’achète de la qualité de vie ! »

Reste que le hockey à 4000 $ ou 5000 $ n’est pas pour tout le monde. À titre de comparaison, il en coûte 1000 $ à un joueur des Vics pour jouer cette saison.

« Attention, le hockey scolaire n’est pas parfait, avertit Meunier. Les écoles doivent remplir des chaises et le joueur devient aussi un client alors qu’il doit d’abord être en classe pour apprendre à réfléchir, à écrire et à calculer. Et il y a encore et toujours l’accessibilité, évidemment. Vous savez, notre hockey aura fait un très grand pas en avant lorsqu’il y aura arrimage du hockey civil et scolaire. Tout passe par là. »

Notre hockey a ses défis. Et ils sont importants. Pour le bien du sport, mais aussi de nos jeunes, il doit évoluer.

MAG SPORTS

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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