MOINS D’HUMOUR, PLUS DE MUSIQUE
RICHARD THERRIEN rtherrien@lesoleil.com
Un vent nouveau souffle sur les Gémeaux : en plus des catégories d’interprétation non genrées, Pierre-Yves Lord s’amène à l’animation, promettant moins d’humour et plus de musique.
« Je ne suis pas humoriste. Ce serait me dénaturer que de faire un numéro d’ouverture pour faire rire le monde, ce n’est pas moi. J’ai envie de réchauffer l’ambiance, mais je vais laisser beaucoup de place aux autres», confie Pierre-Yves Lord, qui succède à Véronique Cloutier.
Pour l’animateur de 100 génies et Plaza Plaisir, ce sera son tout premier gala en carrière, dimanche à 20h sur ICI Télé, en direct du Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Comment se sent-il à quelques heures du grand soir?
«Je n’embarque pas dans des projets de reculons, j’ai toujours un enthousiasme renouvelé. Travailler durant des mois sur des textes, approcher des présentateurs, voir la Place des Arts pleine, je suis comme un enfant.»
Dimanche, pas question que l’animateur et DJ reste immobile sur un «X»; on le verra bouger dans le public et derrière ses platines. Mais il a aussi des choses à dire. «Notre industrie vit des bouleversements. Je pense à l’intelligence artificielle qui pourrait modifier notre perception et notre façon de consommer la télé. C’est possible qu’il en soit question » , dévoile-t-il.
Ce qui a de quoi le rassurer, c’est que la réalisation a été confiée à Jean-François Blais, un pro du genre, qui a déjà réalisé de nombreux galas.
« J’essaie beaucoup d’avoir du rythme, sortir des conventions. J’aime ça qu’on aille dans le monde. J’ai dit à P-Y “promène- toi”. Et comme je viens de la télé musicale et du spectacle, ce sera clairement plus musical», m’a confié Jean-François Blais, qui a notamment réalisé le spectacle Pour toi Céline à l’Agora du Port de Québec tout récemment.
Parmi les noms qui collaborent au gala, Pierre-Yves Lord cite Eve Landry, Colette Provencher, Ricardo, Gino Chouinard et Éric Bruneau.
Léa Clermont-Dion, dont la présentation avait dû être annulée en raison de l’apparition soudaine de Guillaume Lemay-Thivierge l’an dernier, pourra se reprendre dimanche.
Cette 38e édition marque l’instauration des catégories d’interprétation non genrées, qui font controverse, même dans un domaine aussi ouvert et progressiste que celui de la culture.
Si cette décision semble sortir de nulle part et n’était pas réclamée par l’industrie, je laisse toutefois à l’Académie le bénéfice du doute et on verra à l’usage s’il s’agissait d’une bonne décision.
Le Québec n’est pas le seul endroit au monde à effectuer ce virage et d’autres suivront probablement dans les années à venir.
La bonne chose, c’est que l’instauration de catégories non genrées mettra plus de lumière sur les acteurs de soutien, négligés dans le gala du soir depuis trop longtemps.
«Un de mes souhaits, c’était qu’on souligne le travail des auteurs et des acteurs de soutien. Ça a été entendu. Entre une bonne série et une série excellente, ce sont souvent les rôles de soutien qui font la différence», soutient Pierre-Yves Lord.
J’en ai un peu marre qu’on répète que les gens ne veulent plus regarder les galas, en se basant sur les auditoires obtenus durant la pandémie, une mesure tout à fait injuste.
Les gens aiment quand on leur présente de bons galas, point.
«Qu’il y ait des remises en question, c’est normal. Mais je trouve que c’est important pour la télé. Quand je regarde les Oscars, ça me donne envie de voir des films. Si on en gagne un, deux, trois qui vont avoir envie de voir ces showslà, c’est mission accomplie.
«Je pense aussi que c’est important de chérir notre star system, notre marché de la télé. Je ne voudrais pas qu’on devienne comme le reste du Canada à ne consommer que des produits américains», confie JeanFrançois Blais.
Si les diffuseurs s’enferment dans l’excuse de la perte de vitesse des galas à travers le monde, c’est pour deux raisons : parce que ça coûte cher et parce qu’ils sont usés par les chicanes de clochers au sein même des différentes académies ou associations.
Un gala, c’est dur à gérer, on marche sur des oeufs, c’est une guerre d’ego qu’il faut prendre avec des pincettes.
ALORS, STAT OU INDÉFENDABLE?
Bien qu’Indéfendable obtienne plus de nominations que sa rivale (14 contre sept), ma préférence va à STAT, pour le rythme de ses intrigues, ses personnages et sa réalisation, plus moderne et vivante.
Dans la catégorie du premier rôle, Suzanne Clément se battra seule contre quatre collègues d’Indéfendable. La division du vote l’avantagera selon moi.
De toute façon, de tous les noms qui sont là, c’est elle qui le mérite le plus.
Je ne décolère pas de constater que Sylvie Léonard n’apparaît nulle part, elle qui a été magistrale dans le rôle d’une mère atteinte d’Alzheimer dans Virage – Double faute, une série qui aurait aussi mérité de se retrouver dans la catégorie de la meilleure série dramatique. La double faute, elle est là. Que Les chefs! ne soit pas nommée pour la meilleure téléréalité ne fait pas plus de sens, juste au moment où Colombe St-Pierre a redynamisé la série.
C’est encore plus choquant de voir qu’Occupation double Martinique, marquée par des manoeuvres d’intimidation décriées de partout, ait été saluée par un jury visiblement inconscient ou alors complètement déconnecté.
Enfin, on a oublié Lévi Doré, formidable de vérité en adolescent amoureux de son enseignante dans Chouchou. Décidément, le jury en avait fumé du bon.
ARTS ET SPECTACLES
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2023-09-16T07:00:00.0000000Z
2023-09-16T07:00:00.0000000Z
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