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L’UKRAINE OBTIENT DES AVIONS MIG-29

DIDIER LAURAS

PARIS — Kiev a obtenu en deux jours 17 chasseurs MiG-29 de conception soviétique, qui remplaceront les avions perdus depuis le début de la guerre, mais ne suffiront pas à modifier en profondeur le rapport de force sur le terrain.

Jeudi, Varsovie a annoncé la livraison « dans les jours à venir » d’un premier lot de quatre appareils à l’Ukraine. Vendredi, la Slovaquie lui a emboîté le pas avec 13 chasseurs.

Jusqu’ici, les Occidentaux se montraient réticents à livrer des avions de combat, de crainte d’une escalade avec Moscou. Mais les tabous tombent les uns après les autres depuis un an, comme en janvier lorsque les alliés de Kiev avaient accepté de fournir des chars lourds. La livraison annoncée concerne des avions de conception ancienne, que les pilotes ukrainiens peuvent faire décoller immédiatement.

« C’est un souci de cohérence : palier au plus pressé pour assurer la défense aérienne du territoire, avec des appareils que les Ukrainiens connaissent déjà », résume un officier d’une armée de l’air européenne. « C’est une solution prête à l’emploi, plus rapide que d’envoyer des appareils occidentaux. »

Sur les avions de combat modernes, le temps de formation théorique est de six mois pour un pilote expérimenté, un délai éventuellement contractable à trois mois, mais guère moins.

EN PROTECTION

Ce gain en temps s’accompagne pourtant de limites opérationnelles.

« C’est un chasseur qui a les pattes courtes, avec un rayon d’action limité », résume à l’AFP Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). « S’il est lourdement armé, il faudrait qu’il soit posté dans le centre de l’Ukraine pour pouvoir frapper dans le Donbass, donc dans un milieu assez vulnérable. »

Les appareils livrés « permettront à point nommé de remplacer ceux perdus sur le champ de bataille et allègeront la pression sur la maintenance des appareils existants », estime Nick Brown, expert de la société de renseignement privée britannique Janes.

« La logique sera plutôt de les engager en protection, là où il y a un besoin de capacité d’interception : au-dessus de Kiev, d’Odessa, de Kherson voire de Kharkiv », donc sur une logique défensive, relève de son côté Pierre Razoux.

Le plus dur reste donc à faire pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky : convaincre les Occidentaux à franchir le pas avec des appareils modernes : F-15, F-16, F-18, F-35 américains, Rafale français, Eurofighter européen. Les J16 et J20 chinois sont inaccessibles, compte tenu des liens stratégiques entre la Chine et la Russie.

Des avions qui pourraient intervenir cette fois en appui d’offensives au sol, avec des frappes précises dans la profondeur des lignes ennemies.

Le porte-parole de l’aviation ukrainienne, Yuriy Ignat, n’a d’ailleurs pas omis de rappeler sa liste de courses jeudi : « les MiG ne résoudront pas les problèmes, nous avons besoin de F-16. Mais les MiG contribueront à renforcer nos capacités ».

Washington a pour autant désamorcé tout espoir en ce sens : la livraison d’avions de combat américains « n’est pas sur la table », a rappelé John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche.

Les Pays-Bas n’excluent pas en revanche de céder certains de leurs F-16. Et après avoir refusé en janvier de livrer des Eurofighter Typhoon ou des F-35, le premier ministre britannique Rishi Sunak a ensuite promis de former des pilotes de chasse ukrainiens « aux normes de l’OTAN ».

Mais s’il a demandé à l’armée d’étudier de possibles livraisons d’avions, il n’a évoqué qu’une option « à long terme ».

La France dispose pour sa part de 13 Mirage 2000-C récemment retirés du service et qui « ont encore un peu de potentiel », soulignait-on le mois dernier dans l’entourage du chef d’état-major de l’Armée de l’Air française.

Nick Brown fait valoir que les chasseurs slovaques sont équipés de systèmes électroniques aux normes de l’OTAN. « Mais au final, ces dons s’ajoutent à l’existant sans changer le rapport de force capacitaire », assure-t-il.

« Nous avons besoin de F-16. Mais les MiG contribueront à renforcer nos capacités »

— Le porte-parole de l’aviation ukrainienne, Yuriy Ignat

LE MONDE

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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