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TOUJOURS PLUS ISOLÉS

Avec la pandémie qui s’étire, les proches aidants sont plus isolés que jamais. Et leurs besoins ne font que grandir. Les ressources communautaires tentent tant bien que mal de leur venir en aide, mais le manque de main-d’oeuvre commence à se faire sentir.

« Il y a de plus en plus de demandes de répit à domicile pour différentes raisons. Mais le plus gros impact de la pandémie sur les proches aidants, c’est l’isolement », affirme MariePierre Hébert, directrice générale de la Maison soutien aux aidants à Granby.

Certains d’entre eux avaient l’habitude de partager leur rôle de proche aidant avec des membres de leur famille en les sollicitant pour souffler un peu. Ils n’ont plus accès à cette alternative.

« Avec la pandémie, le proche aidant devient presque la seule personne qui peut s’occuper de l’autre puisqu’il doit choisir une bulle familiale. Ils sont beaucoup plus essoufflés », fait remarquer Mme Hébert.

Heureusement, il semblerait que les proches aidants vont chercher de l’aide plus rapidement afin de pallier ce manque, fait savoir Sophie Foisy, directrice générale de la Société Alzheimer Granby et région.

En plus de l’isolement accentué par la pandémie, les proches aidants ont vu disparaître plusieurs activités qui leur offraient du temps en solo, marquant davantage l’épuisement. « Pour le proche aidant qui allait faire son cours de yoga pour recharger ses batteries, c’est un élément qui n’est plus dans son quotidien. Quelques-uns allaient dans le Sud pour leur bien-être et ils ne peuvent pas partir à cause que les frontières sont fermées », donne en exemple Mme Foisy.

Une étude réalisée par le Regroupement des aidants naturels du Québec (RANQ) en juillet révélait que lors du premier confinement, environ un tiers des proches aidants affirmaient ne plus avoir assez de temps pour eux-mêmes, en plus d’être tiraillés entre leurs différentes responsabilités et de se sentir isolés vis-à-vis de leur famille ou de leurs amis.

De plus, 40 % des 437 répondants ont indiqué manquer quelques fois de patience envers leurs proches, ou sentir qu’elles ne seront plus capables de prendre soin de leur proche pour encore bien longtemps.

À la Maison soutien aux aidants, la demande de soutien par téléphone s’est accru. La majorité des 250 usagers actifs se portaient bien lors des visites à domicile avant la pandémie. Ils bénéficiaient d’un soutien psychologique par téléphone une fois par mois. « Maintenant, c’est une à deux fois par semaine. Certains que l’on sentait très positifs sont devenus très essoufflés », soulève Mme Hébert.

DU RENFORT

Pour répondre à cette demande, la Maison soutien aux aidants est à la recherche active d’intervenants, mais aussi d’accompagnateurs pour le répit à domicile des personnes en perte d’autonomie. Communément appelés « accompagnateurs-répit », ils remplacent le proche aidant pour quelques heures, et parfois même pour quelques jours. Une vocation noble, mais qui est méconnue, selon la directrice générale. « Actuellement, ils ont beaucoup de reconnaissance, parce que les proches aidants voient comment ils sont indispensables dans leur vie. »

Les accompagnateurs seront d’ailleurs mis en lumière lors de l’émission Deuxième chance sur les ondes d’ICI Radio-Canada ce samedi. Marina Orsini et son équipe se sont invitées à la Maison de soutien aux

aidants en septembre dernier pour mettre en lumière la réalité des proches aidants et le rôle important de l’accompagnateur.

Ils sont pour l’instant 24, mais il faudrait que ce nombre grimpe à 35 pour bien couvrir le territoire. Actuellement, 200 proches aidants ont accès au répit tandis qu’une cinquantaine ont recours aux services d’intervention sur le territoire.

« Notre plus grand défi est de répondre à la demande avec les ressources qu’on a. L’embauche en contexte de pandémie est aussi pas toujours évidente. »

À la Société Alzheimer Granby et région on songe aussi à embaucher trois personnes afin d’augmenter le nombre de répits, alors qu’un bassin de nouveaux usagers ont recours à ce service. « On pourrait ainsi soutenir au moins 10 familles de plus », estime Mme Foisy.

Avec le confinement, l’organisme a dû cibler les proches aidants qui présentaient un niveau d’épuisement très élevé. Ceux-ci ont accès à un groupe de répit composé d’une à deux personnes, pandémie oblige, ou encore au répit à domicile.

En temps normal, 9 groupes de répit par semaine étaient organisés, ce qui permettait de desservir 60 familles. Ce sont désormais 4 petits groupes qui sont accessibles. On aide ainsi 27 familles tandis qu’une dizaine d’autres sont assistées de manière virtuelle et par téléphone.