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CONCOCTER 21 POUTINES DANS 14 PAYS, POURQUOI PAS?

AMÉLIE HOULE amelie.houle@lenouvelliste.qc.ca La pire poutine selon Olivier Bonenfant faite en Chine. — P⋆OTO: OLIVIER BONENFANT

Des frites bien grasses, de la sauce brune en quantité industrielle, mais surtout, du bon fromage en grains typiquement québécois. Il s’agit bien sûr de la fameuse poutine 100 % québécoise, rien de moins! Mais les amateurs de poutine le savent, voyage et poutine ne font cependant pas bon ménage! Mais pour Olivier Bonenfant, originaire du secteur Lac-à-la-Tortue, en Mauricie, maintenant établi en Australie depuis 2014, ce n’est pas cette affirmation maintes fois entendue qui allait le décourager, si bien qu’il a décidé de mettre sur pied son projet de capsules humoristiques le Poutiner. Au menu, 21 poutines faites avec des ingrédients locaux dans 14 pays différents, principalement en Europe et en Asie, par un gars qui s’est simplement perdu en chemin vers le restaurant.

«Poutiner.com c’est pas pour les puristes de poutines. C’est un hommage sans frontières aux poutines créées dans des conditions très peu favorables. Essayez d’outrepasser le fait que c’est un blasphème à la recette traditionnelle de poutine et laissez-vous embarquer dans ce mélange culturel unique.»

Cette introduction toute simple, c’est celle qu’on retrouve d’emblée sur le site du projet poutiner. com. De quoi donner le ton aux différentes capsules humoristiques qui accompagnent chaque poutine créée de toutes pièces avec les ingrédients à portée de main.

En effet, ne vous attendez pas à écouter des capsules vidéo dignes de l’émission les Chefs ou encore de la populaire série internationale Masterchef. C’est plutôt la formule courte — de 3 à 4 minutes — qui est préconisée, le tout dans l’humour afin de faire sourire face à des résultats parfois mitigés et souvent farfelus.

«J’ai choisi un ton humoristique parce je suis loin d’être un cuisinier.[…] Et d’ailleurs, quand c’était plus difficile de trouver les ingrédients, ça se voit, car le résultat de la poutine est terrible, mais moi, ça me fait rire. Par exemple, à un moment donné, je suis dans une des six montagnes sacrées en Chine, le décor est magique, ça ressemble au décor du film Avatar. Je suis en haut et mon fromage est comme un Ficello, les frites sont des frites déshydratées de dépanneur, ça pas de bon sens, mais c’est drôle au final», raconte avec enthousiasme le concepteur publicitaire et réalisateur de profession.

DES INGRÉDIENTS INCONTOURNABLES

Dès le départ de cette folle aventure, Olivier Bonenfant s’est donné un défi qui peut paraître bien simple, soit celui de dénicher du fromage, des patates frites, de la sauce brune à poutine (le plus possible) et une viande locale afin de parvenir à la création de ce qui peut ressembler à une poutine québécoise.

«L’idée c’est vraiment de faire des poutines avec des ingrédients locaux, donc ça prenait une immersion locale, des recettes locales et ensuite j’ai essayé de voir comment je pouvais intégrer la recette de la poutine, donc je devais trouver un fromage local, ce qui est vraiment un beau challenge. C’est bien dommage, mais du fromage en grains, c’est difficile à avoir ailleurs qu’au Québec, donc imaginez en Chine ou au Cambodge.[…] Pour des poutines parfaitement authentiques, c’était mort d’avance. Heureusement, certains pays ont des magnifiques fromages locaux qui ont une texture semblable, comme en Finlande ou en Mongolie.»

Évidemment, les ingrédients dénichés dans les différents pays peuvent donner des résultats à la fois délicieux, mais plus souvent qu’autrement plutôt douteux, à en croire le principal intéressé qui n’a toutefois pas bronché une seconde lorsqu’il a avalé une poutine faite avec des vers de soie et des scorpions à Beijing.

«Les patates sont universelles et sont trouvées dans des recettes partout au monde. Ce qui est moins universel est le typique kiosque à patates frites pour de bonnes patates frites et c’est là que j’ai parfois été forcé d’aller dans des restaurants de fast-food. […] Finalement, la vraie sauce à poutine a un goût distinct d’une sauce brune à steak par exemple donc c’était sûr que j’étais pour avoir des difficultés. Heureusement, la poutine elle-même permet quelques écarts dans la sauce», précise le Poutiner.

Une poutine du Laos faite avec des frites genre coupe steak, du fromage La Vache qui rit, en plus de boeuf haché cuit juste un peu, le tout accompagné de jus de cuisson du boeuf et de sauce au poisson, une poutine de la Mongolie préparée avec nul autre que du fromage Byaslag de l’épicerie, des frites de casse-croûte, en plus de viande de mouton dans sa sauce brune, ou encore une poutine en direct de Beijing faite de butte de frites, d’une sauce de boulettes de viande, le tout soigneusement accompagné de vers de soie et de scorpions ne sont que quelques exemples qui vous mettront l’eau à la bouche... du moins, espérons-le!

LA POUTINE AU COEUR DE TOUT

Du plus loin qu’il se souvienne (en fait il n’a aucun souvenir de sa première poutine tellement il en mange régulièrement), Olivier Bonenfant a toujours été un adepte de poutine. Entre les poutines qu’il mangeait à Shawinigan dans son enfance et celles que sa mère lui préparait non pas avec des frites, mais bien avec des chips, le Shawiniganais d’origine n’en est pas à ses premières armes dans le domaine.

En effet, lorsqu’il était au Québec, ce n’était pas une fois par semaine qu’il se délectait de ce savoureux repas québécois, mais plutôt de trois à quatre fois minimum par semaine, au plus grand désespoir de sa copine Iphigénie. «J’étais monsieur poutine», sourit-il.

Mais c’est en 2013 que sa vie axée principalement sur la poutine a véritablement changé, alors que sa copine lui propose d’effectuer un voyage d’un an en style sac à dos à travers le monde. Carriériste dans l’âme, Olivier décide finalement de sauter à pieds joints dans l’aventure, mais non sans y apporter son métier de réalisateur avec lui.

«Moi j’ai toujours été dans le domaine des courts métrages et de la vidéo, donc quand je me suis décidé, j’ai dit à ma copine que je ne pouvais pas y aller juste en sac à dos, car j’avais une carrière. Je voulais donc faire un concept et faire de la vidéo.»

Était-ce une manière pour Iphigénie de l’éloigner de son pêché mignon? L’histoire ne le dit malheureusement pas. Mais si c’était réellement le cas, le plan a certainement échoué, puisque le projet du Poutiner est né.

Si le projet a vu le jour en 2013, c’est toutefois en 2021, après un an de pandémie, qu’Olivier a finalement décidé de concrétiser son projet de capsules vidéo.

«Le projet a débuté en 2013-2014, mais c’est vraiment la pandémie qui m’a permis d’avoir le temps de créer les capsules. Depuis quelques semaines, je sors donc les épisodes à raison d’un à deux par semaine. Le gros du montage a été fait l’hiver dernier pendant la pandémie. Mais en ce moment, je fais encore un peu de travail chaque semaine pour sortir la série», précise-t-il.

D’ailleurs, à l’heure actuelle, il est possible de visionner les dix premiers épisodes, dont ceux sur la poutine laotienne, la poutine du Plateau Bolaven, la poutine russe, la poutine birmane, de même que la poutine suédoise.

«C’est une expérience inoubliable, c’est un peu aussi un rêve récurrent qu’on vit chaque jour depuis. Mais ça vaut la peine, c’est incroyable. Et si c’était à refaire, oui je recommencerais et je me vois aussi faire une saison 2 peutêtre plus tard, on ne sait jamais», conclut-il.

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2021-09-18T07:00:00.0000000Z

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