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Faisons aimer notre langue

JEAN-MARC SALVET CHRONIQUE jmsalvet@lesoleil.com

Quelle sera la stratégie du gouvernement Legault pour les consultations sur le projet de loi réformant la Charte de la langue française? Il voudra faire comprendre que sa proposition législative est «équilibrée» et «modérée».

Une commission parlementaire sur le projet de loi 96 s’ouvrira mardi et se poursuivra jusqu’au 7 octobre. Elle s’amorcera dans un contexte politique orageux.

Ne nous attardons pas sur la bêtise proférée par l’avocate Anne-France Goldwater, qui a fait référence à la Gestapo en parlant de ce projet de loi, non plus que sur l’animatrice du débat télévisé des chefs en langue anglaise, qui parlait non seulement de la loi sur la laïcité, mais aussi de cette proposition législative lorsqu’elle a fait référence au racisme. C’est affligeant et fou d’insignifiance.

Mais tout cela nourrit malheureusement les clivages, les antagonismes.

Récemment, le conseil des commissaires de la commission scolaire English-Montréal a adopté une résolution qui, pour protester contre le projet de loi 96, souscrivait aux propos d’un professeur niant l’existence de la nation québécoise.

Toutes ces dénonciations, bien qu’elles soient outrancières, permettent au gouvernement Legault de dire aux francophones qu’il agit bel et bien sur le front linguistique.

C’est pour asseoir son positionnement politique qu’il a vu un intérêt à présenter mercredi une motion parlementaire dénonçant la résolution controversée de la commission scolaire, même si celle-ci s’était rétractée depuis.

Lorsque le projet de loi 96 a été dévoilé au printemps, les premières critiques l’estimaient trop timide, pas du tout de nature «à inverser le déclin». Ce sont celles que l’on entendra encore le plus au cours des prochaines semaines.

Mais les autres, celles entendues tout récemment, permettront au gouvernement de soutenir qu’il agit véritablement tout en brandissant la carte de l’équilibre.

Elles lui permettront de se positionner ainsi devant l’opinion publique francophone québécoise — même si, fondamentalement, l’on ne peut pas du tout comparer les deux types de critiques.

Devant l’opinion publique anglophone québécoise, le gouvernement fera valoir que son projet de loi est modéré. Il permet aux villes bilingues de conserver leur statut et n’étend pas l’application de loi 101 au réseau collégial.

DIVERSITÉ

À défaut de pouvoir assurément renverser des tendances très lourdes, le gouvernement fera tout de même progresser la langue française au Québec lorsque son projet aura été adopté. Celui-ci embrasse large : création d’un poste de commissaire à la langue française; gel de la proportion des étudiants francophones et allophones dans le réseau collégial anglophone; imposition d’une «épreuve uniforme» de français dans les cégeps anglophones; application de la loi 101 aux entreprises de 25 à 49 employés; mise en place d’un français dans l’affichage commercial, inscription dans la Constitution canadienne du fait que le Québec forme une nation et que le français est sa langue officielle et commune, etc.

La CAQ ne pensait pas aller jusque-là lorsqu’elle est arrivée au pouvoir. Pendant la dernière campagne électorale et même avant, c’est en parlant d’immigration et de laïcité qu’elle a investi le terrain «identitaire». Pas tellement en parlant de langue française.

«On doit ça à nos ancêtres», a déclaré François Legault en présentant ce projet de loi aux côtés de Simon Jolin-Barrette à la mi-mai.

On le doit surtout à la singularité que représente notre nation francophone. On le doit à la beauté et à la richesse culturelle qu’apporte la diversité du monde.

À son échelle, la singularité du Québec participe à cette diversité et à cet enrichissement universel.

C’est davantage en disant les choses ainsi que l’on convaincra plus de gens parmi les plus jeunes d’oeuvrer à la pérennité de la langue française au Québec, de l’embrasser, de la faire aimer. Le vrai défi est là. C’est aussi le plus grand.

EN ATTENDANT

Après la loi 21 sur la laïcité, la future loi 96 constituera un test pour la place du Québec au sein du Canada et pour son degré d’autonomie. Des réponses viendront un jour, lorsque la Cour suprême se penchera sur l’une et l’autre.

En attendant, insistons sur l’importance d’un débat serein et respectueux de tous lors de cet exercice de consultations. C’est convenu de le dire, mais tellement nécessaire.

La singularité du Québec participe à la diversité du monde et à son enrichissement universel

guichet unique pour l’apprentissage du français; obligation d’une «nette prédominance» du

CHRONIQUES

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2021-09-18T07:00:00.0000000Z

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

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