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La collègue Lexy-Lou

ISABELLE LÉGARÉ isabelle.legare@lenouvelliste.qc.ca

Lexy-Lou ne résiste jamais à une caresse, encore moins à une gâterie. En retour, le chien goldendoodle ajoute de la douceur au quotidien des humains qui l’entourent, particulièrement à celui de ses collègues dont le travail consiste à répondre à des appels d’urgence, à sauver des vies et, fatalement, à côtoyer la mort. Il y a des journées plus difficiles que d’autres. C’est à ce moment-là que son rôle prend tout son sens.

Nous avons fait connaissance à la caserne d’Ambulance 22-22, à Shawinigan. C’était un grand jour pour la femelle âgée d’un peu plus d’un an, soit la remise officielle du dossard attestant qu’elle a tout ce qu’il faut pour offrir du soutien émotionnel à ceux et celles qui en ont parfois besoin.

Maryse Fugère avait le coeur rempli de fierté et les yeux pleins d’eau en voyant son « bébé » franchir cette première étape lui permettant de poursuivre son entraînement à titre de chien d’assistance psychologique.

OK, j’avoue, je souriais aussi... la larme à l’oeil. Fichue hypersensibilité. Je ne m’en sortirai jamais.

À ma défense, je dois préciser que bien avant que Lexy-Lou me souhaite la bienvenue en tournant joyeusement autour de moi, j’étais déjà conquise.

Depuis dix ans, je partage ma vie avec l’une de ses congénères. La mienne n’a pas de diplôme, mais je confirme qu’elle est une première de classe pour remonter le moral quand la situation l’exige.

Les chiens ont le flair pour ça. Pour ceux que ça intrigue, le goldendoodle est un sympathique mariage entre le caniche et le golden retriever. Son pelage laineux lui donne un air de peluche vivant. Ajoutez à cela son regard irrésistible plongé dans le vôtre et vous voilà complètement gaga. J’exagère ? À peine.

Je mets quiconque au défi de ne pas succomber à la bonne humeur inassouvissable de ce chien qui correspond en tout point au meilleur ami pour la vie.

Le doodle a le don de se faire aimer et de faire du bien. Voilà, c’est dit.

Lexy-Lou est entrée dans la vie de Maryse Fugère il y a un an pour une simple, mais combien bonne raison.

« Un animal, ça m’apaise. » Rapidement, la jeune femme s’est dit que ce qui est bon pour elle pouvait aussi l’être pour ses collègues, des ambulanciers paramédicaux.

Cette hypothèse s’est confirmée le jour où Maryse est apparue à la caserne accompagnée de Lexy-Lou, une boule de joie sur quatre pattes qui a spontanément rapproché les gens autour d’elle.

Il n’en fallait pas plus pour que la jeune femme ait envie de s’inspirer de l’expérience d’Éric Hamel, directeur clinique de la Coopérative des techniciens ambulanciers du Québec. Depuis deux ans, on fait appel à son chien Dude, un antidote naturel aux effets sournois d’une (très) dure journée.

Le boulot du pitou consiste principalement à se faire flatter. Pendant qu’il se prête généreusement à l’exercice, le niveau de stress de l’humain diminue, c’est scientifiquement prouvé.

Dude a notamment été appelé en renfort après les terribles attaques dans le Vieux-Québec, le soir de l’Halloween 2020. Les premiers répondants ont vu des scènes d’horreur qu’on ne veut même pas imaginer.

La directrice d’Ambulance 22-22 n’a pas été difficile à convaincre du potentiel thérapeutique de Lexy-Lou. MarieClaude Richard évolue dans le secteur paramédical depuis 20 ans. Épargnée à ce jour par le stress post-traumatique, elle connaît néanmoins les risques auxquels s’exposent les intervenants de première ligne.

Le sujet demeure tabou même si on en parle plus souvent qu’avant.

Comme les policiers et pompiers, les ambulanciers sont confrontés à des scènes

perturbantes. Ignorées, ces images peuvent s’incruster et causer de la détresse.

« Parfois aussi, c’est l’enchaînement de plusieurs petits événements », souligne Maryse Fugère qui s’estime également chanceuse d’avoir été préservée jusqu’à maintenant par ce trouble complexe dont personne n’est réellement à l’abri.

On le sait tous, mais c’est toujours bon de se le rappeler, en matière de santé mentale, mieux vaut prévenir que guérir.

Un programme répondant aux besoins de la caserne du secteur Grand-Mère vient d’être mis sur pied avec la participation de Maryse et de sa fidèle Lexy-Lou. Au cours des prochains mois, les deux complices seront en formation afin de pouvoir aider chacune à leur façon.

Pendant que la jeune femme en apprendra davantage sur le désamorçage psychologique après une intervention à potentiel traumatique, la goldendoodle poursuivra son entraînement avec l’équipe de Chiens Togo.

D’ordinaire, l’organisme éduque des chiens adultes et vivant en refuge à devenir des chiens d’assistance psychologique auprès de personne aux prises avec un trouble du stress post-traumatique, un trouble du spectre de l’autisme ou un trouble d’anxiété généralisée.

Dans le cas de Lexy-Lou, on parle d’une mission plus large, auprès d’un groupe formé des collègues de Maryse.

Pour l’organisme Togo, il s’agit également d’une première expérience avec un chien qui, à l’origine, n’a pas été abandonné.

Axé sur le renforcement positif, l’entraînement de Lexy-Lou se déroule à merveille. Si la femelle s’est montrée timide au départ, elle est rapidement devenue l’amie de tous entre les murs de la caserne.

Au moment de lui mettre le dossard, on n’a pas manqué de louanger sa grande capacité d’adaptation.

Petit à petit, le chien apprendra à reconnaître des signaux d’anxiété chez l’humain et à le ramener dans le moment présent, en déposant par exemple sa patte sur sa cuisse ou en se blottissant contre lui.

Si elle pouvait parler, la goldendoodle dirait sans doute « Je suis là. »

Par sa seule présence, elle est une source d’apaisement.

Comme Maryse, Lexy-Lou exerce un travail essentiel.

Le goldendoodle a le don de se faire aimer et de faire du bien

CHRONIQUES

fr-ca

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

2021-09-18T07:00:00.0000000Z

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