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La guerre des nerfs

ISABEL AUTHIER isabel.authier@lavoixdelest.ca

Deux grands comédiens, deux voix légendaires, un duel implacable. La Salle Alec et Gérard Pelletier de Sutton sera le théâtre d’un improbable western psychanalytique cet été mettant en vedette Raymond Cloutier et Robert Toupin.

L’oeuvre de l’auteur et scénariste Tonino Benacquista est la seule qui fut écrite pour le théâtre. Les deux Suttonais en avaient fait une lecture publique l’automne dernier dans leur patelin et son succès les avait convaincus de la pertinence de la jouer «pour vrai».

«Ça nous a donné la certitude qu’il y avait là un filon intéressant», affirme M. Cloutier, qui assure aussi la mise en scène et la scénographie de la pièce Un contrat.

L’histoire est tout sauf ennuyante. Sans trop en révéler, disons qu’elle met face à face un truand notoire (Robert Toupin) souffrant d’anxiété à la veille d’exécuter un rival et un célèbre psychanalyste (Raymond Cloutier) qu’il consulte en secret. Dans ce huis clos en deux actes, le public assistera à deux sessions de psychanalyse qui ne laisseront ni l’un ni l’autre indemne.

«C’est là que la notion de western entre en jeu, car ça devient une confrontation, un duel menaçant entre deux top tireurs, explique M. Cloutier. C’est un texte sur l’impunité et la culpabilité, sur comment on vit avec les actes qu’on pose dans notre vie. Il y a de beaux enjeux dans cette pièce.»

Une dizaine de pièces auraient pu faire l’affaire, mais Un contrat leur a sauté aux yeux par sa force et sa pertinence.

«Il n’existe pas tant d’oeuvres théâtrales pour deux gars de plus de 65 ans, qui sont aussi significatives et qui parlent un peu de ce qui est dans l’air du temps», ajoute-t-il.

Oui, la tension sera forte sur la petite scène de la rue Maple, mais à travers ce combat psychologique, tout ne sera pas que drame et déchirement.

«Il y a des jambettes, des revirements qui peuvent faire sourire. Il y a même un côté caricatural parfois. C’est jouissif d’assister à un tel western!» fait remarquer Robert Toupin qui, pour Un contrat, doit mémoriser une véritable «tartine» de mots.

Le tandem insiste toutefois sur le fait que la pièce est accessible, qu’elle vise un public large, mais friand de moments riches et d’oeuvres puissantes qui suscitent la discussion.

UN DÉBUT DE TRADITION

Ils en savent quelque chose. Ces dernières années, Raymond Cloutier a produit et joué Oleanna à la Salle Alec et Gérard Pelletier, puis Robert Toupin a enchaîné avec la présentation de Misery. Dans les deux cas, les spectateurs ont répondu avec enthousiasme à l’invitation.

«Pour nous, l’important, c’est d’établir une tradition de théâtre d’été de bon niveau à Sutton. Il faut que ça ait du sens», fait remarquer M. Cloutier. Le duo préfère parler de théâtre en été plutôt que de théâtre d’été, généralement plus léger.

Ensemble, ils ont d’ailleurs formé une petite compagnie théâtrale et souhaitent présenter des textes «de haut niveau», même durant la saison estivale.

Pour les deux hommes, il s’agit d’un véritable retour aux sources. Enfants, ils habitaient dans la même rue à Sainte-Thérèse, sans vraiment se côtoyer. Des décennies plus tard, les voilà voisins, associés en affaires et maintenant complices de scène... pour la première fois à vie.

«C’est comme un marin qui rencontre un autre marin. Il y a une complicité non dite quand on fait le même métier de comédiens. Et on est deux baby-boomers qui ont vécu des choses semblables», glisse M. Toupin.

Une connivence sans doute nécessaire pour se livrer à une guerre des nerfs de l’ampleur de celle d’Un contrat...

Un contrat prendra l’affiche du 2 juillet au 22 août prochain, en formule restreinte. Les billets sont en vente au 450-538-0486.

ARTS ET SPECTACLES

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