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PLUS RARE QU’UN MATCH SANS POINT NI COUP SÛR

IAN BUSSIÈRES ibussieres@lesoleil.com

J’en parle souvent dans cette chronique : six matchs sans point ni coup sûr ont été lancés cette année dans les ligues majeures. Par contre, un fait encore plus rare s’est produit au cours de la dernière semaine alors que le partant des Yankees de New York Michael King a lancé le vendredi 4 juin la seconde «manche immaculée» de la saison, et la 103e de l’histoire des majeures contre 311 matchs sans point ni coup sûr.

En quatrième manche d’un duel des Yankees contre leurs rivaux des Red Sox de Boston, King a retiré tour à tour Hunter Renfroe, Marwin Gonzalez et Christian Vazquez en leur lançant seulement trois prises chacun, le plus petit nombre de lancers qu’un lanceur puisse effectuer en une manche sans qu’une balle ne soit frappée. Au mois de mai, le releveur des Nationals de Washington Kyle Finnegan avait fait la même chose dans un match contre les Braves d’Atlanta. Neuf lancers, neuf prises, trois retraits, merci, bonsoir!

J’ai décidé de passer un coup de fil à l’ex-lanceur des Yankees Al Downing, qui avait lui aussi lancé une manche immaculée le 11 août 1967, pour discuter un peu de ce fait plus rare, mais beaucoup moins «sexy» qu’un match sans point ni coup sûr. «Si je m’en souviens? Je me souviens que c’était le premier match d’un programme double contre les Indians de Cleveland et que deux des gars que j’ai retirés étaient Don Demeter et Duke Sims!», indique Downing, à qui l’auteur de ces lignes rappelle qu’il avait d’abord retiré Tony Horton sur trois prises. «Ah oui, c’était un gros cogneur, lui!»

LANCER DES PRISES

Downing ne se souvient pas de tous les détails de cet exploit réalisé il y a plus de 50 ans, mais il est convaincu qu’il a probablement lancé «six ou sept balles rapides» aux trois frappeurs des Indians. «À l’époque, quand tu avais deux prises contre un gars, tu y allais pour une troisième prise. Tu ne niaisais pas. Aujourd’hui, les lanceurs vont lancer une balle par terre en espérant que le frappeur se commette. Je crois qu’ils ne lancent pas autant de prises qu’on le faisait dans le temps», analyse-t-il.

L’ex-lanceur, qui fêtera ses 80 ans le 28 juin, assure que sa «manche immaculée» était loin d’être une grosse affaire en 1967. «La grosse affaire, c’était d’avoir retiré trois gars en moins de deux minutes et, d’avoir remporté les deux matchs du programme double», indique-t-il.

Malgré cela, il estime qu’une manche immaculée est plus difficile à compléter qu’un match sans point ni coup sûr. «Je tire mon chapeau à ceux qui ont lancé un match sans point ni coup sûr, mais je crois que la manche immaculée est un exploit plus difficile à accomplir. Je lançais beaucoup de balles rapides et ça signifie généralement beaucoup de fausses balles. Il faut donc apprendre où la lancer pour qu’elle soit efficace», explique celui qui avait maintenu une moyenne de points mérités de 2.63 et retiré 171 frappeurs au bâton cette année-là, participant au Match des étoiles.

NUMÉRO 715

Par ailleurs, impossible de parler à Al Downing sans aborder le fameux match du 8 avril 1974 où, alors qu’il lançait pour les Dodgers de Los Angeles, il a accordé un coup de circuit à Hank Aaron, son 715e qui lui a permis de battre le record de Babe Ruth pour le plus grand nombre de longues balles en carrière. Comme me le rappelle le collègue Carl Tardif, le receveur de Downing était alors Joe Ferguson, qui a été gérant des Capitales de Québec en 2003.

«Hank était probablement l’un des trois frappeurs les plus intelligents que j’aie affrontés. Il connaissait très bien les forces et les faiblesses de chaque lanceur. J’ai fait une erreur en lui lançant une rapide qui n’avait pas assez de mouvement et de vélocité. Il a attendu que la balle arrive à lui et l’a frappée comme avec un marteau! Ce n’est pas pour rien qu’on le surnommait “Hammerin’ Hank”! Au début, je ne croyais pas que la balle traverserait la clôture du champ gauche, qui était très haute au Atlanta Stadium, mais voilà, elle a traversé», poursuit-il en ajoutant qu’il n’a pas perdu le sommeil après avoir accordé ce circuit historique.

«Je connaissais l’importance de ce coup de circuit, mais ça ne me dérange pas d’en avoir été la “victime”. J’ai joué contre de très grands joueurs de baseball. Parfois je les retirais, parfois c’était eux qui avaient le dessus. C’était toujours un beau défi d’affronter des frappeurs comme Hank», poursuit-il.

BONDS

Al Downing ajoute qu’il a aussi beaucoup de respect pour Barry Bonds, qui a battu le record d’Aaron avec 762 circuits en carrière. «Hank, Barry, Alex Rodriguez, ces gars étaient de très bons frappeurs qui frappaient beaucoup de circuits, mais qui, aussi, mettaient toujours la balle en jeu. Et ça, tu ne peux pas y arriver sans travailler fort», indique-t-il, ne faisant pas grand état du fait que Bonds et Rodriguez aient été associés à la consommation de substances interdites améliorant la performance.

«Des substances pour améliorer la performance? Ça a toujours existé, ça! Tu as un rhume, tu vas voir le soigneur pour qu’il te donne quelque chose. Tu as mal dans le cou, tu fais la même chose... Par contre, si tu ne sais pas frapper, tu auras beau prendre ce que tu voudras, il n’y a pas une seule substance au monde qui fera de toi un bon frappeur!», conclut-il.

MAG SPORTS | ESPACE BASEBALL

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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