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LA FEMME QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES CHIENS

MARIE-ÈVE MARTEL marie-eve.martel@lavoixdelest.ca

Elle n’a qu’à prononcer un mot ou à faire un geste pour que presque n’importe quel chien lui obéisse, le tout avec une facilité déconcertante. À la voir interagir avec la race canine, on devine tout l’amour que Céline Sarrazin porte à cette espèce, qui a toujours fait partie de sa vie d’une manière ou d’une autre.

Voilà plus de 30 ans que Céline Sarrazin élève et éduque des chiots, aussi bien les siens que ceux des autres. Une partie de sa cour arrière est aménagée en parc à chiens, où les bêtes en apprentissage peuvent s’élancer comme bon leur semble ou traverser un parcours d’agilité où ils doivent emprunter un pont, sauter par-dessus des obstacles, traverser un tube de tissu et zigzaguer entre des cônes.

Même si le dressage a été sa grande passion, Céline Sarrazin n’en a jamais fait son premier métier. Elle a plutôt eu une carrière bien remplie comme préposée aux bénéficiaires et comme conductrice d’autobus pour un centre de jour de la Rive-Sud de Montréal, d’où elle est originaire. « J’ai toujours fait les deux, jusqu’à ma retraite », indique celle qui coule désormais des jours heureux dans sa maison de campagne à Upton, entourée de ses trois corgis, Chelsea, Swallow et Texan, de même que de son complice de longue date, Raymond Desmarais.

Tout au plus, cinq amis canins ont occupé la maisonnée en même temps au fil des années, d’abord des bergers allemands, et désormais des corgis gallois Pembrooke. Au total ? Mme Sarrazin n’arrive pas à chiffrer le nombre de chiens qu’elle a eus dans sa vie.

UN CHIEN QUI CHANGE (SAUVE) UNE VIE

Il faut remonter plus de 50 ans en arrière pour retracer les débuts de l’histoire d’amour entre Céline Sarrazin et le meilleur ami de l’homme. Alors préadolescente, elle rêvait d’avoir un chien bien à elle. « Mon père m’avait dit : “‘Si tu veux avoir un chien, t’as besoin de savoir le dresser.” Ça n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde », relate l’éleveuse.

Entre-temps, la jeune fille s’était éprise de Noireau, le berger allemand bien costaud de son voisin. Un animal craint de plusieurs, mais que Céline Sarrazin avait en affection et pouvait « lui faire faire ce que je voulais ». « Ce chien-là a joué un rôle important dans ma vie, parce qu’il me la sauvée », confie-t-elle.

En effet, chaque matin, Noireau accompagnait Mme Sarrazin de chez elle à l’arrêt d’autobus scolaire, et inversement le soir. Un jour, un inconnu immobilise sa voiture tout près de l’élève qui attendait l’autobus pour lui demander des indications routières. Céline Sarrazin se souvient encore de la peur qui l’avait figée quand l’individu lui avait proposé de monter dans sa voiture. « La seule chose que j’ai réussi à faire, c’est de crier à Noireau de venir me rejoindre, raconte-telle. Il est arrivé en courant et il a grogné pour me défendre. Le gars n’a pas demandé ses restes et il s’est enfui ! »

« Je me demande encore à ce jour ce qu’il aurait pu se produire si Noireau n’avait pas été là, ce jour-là », ajoute-t-elle.

L’événement, à ses yeux, a « cimenté son amour pour les bergers allemands ». Et signe que le hasard fait parfois bien les choses, Céline Sarrazin a fini par l’avoir, son chien bien à elle. Le petit Fidel, né d’une portée dont le père était nul autre que... Noireau.

« Fidel, c’est le premier chien que j’ai dressé ; j’ai fait beaucoup de compétition avec lui », relève l’Uptonaise d’adoption, visiblement encore très attachée à son défunt complice.

Chez elle, on voit d’ailleurs un portrait de la maîtresse et de son chien en pleine action sur l’un des murs. Dans le salon, une toile représentant le berger allemand et l’urne qui contient ses cendres sont bien en évidence, entourés des nombreux prix qu’a remportés le duo lors de ses aventures.

CORRIGER PLUTÔT QUE DE PUNIR

En parallèle à l’élevage de chiens et aux compétitions d’obéissance et d’agilité canines auxquelles elle a pris part et pour lesquelles elle a remporté plusieurs prix, Céline Sarrazin a fait de même avec des chevaux pendant une vingtaine d’années.

« C’est pas mal les mêmes interactions, dit-elle à propos de ces deux mondes qui se “côtoient” et qui “vont ensemble”. Les chevaux sont des animaux très intelligents. Et comme les chiens, c’est avant tout une question de tempérament. »

Et à la voir éduquer les chiots avec autant de facilité, on comprend son argument selon lequel il n’y a pas de bêtes indomptables, mais plutôt des maîtres malhabiles ou impatients.

« Un chien avec du caractère n’est pas un mauvais chien, convientelle. Souvent, le problème se trouve six pieds au bout de la laisse. »

Si elle est témoin d’un maître qui s’y prend mal avec son chien, l’Uptonaise n’hésitera pas à intervenir

« Un chien avec du caractère n’est pas un mauvais chien. Souvent, le problème se trouve six pieds au bout de la laisse. »

— Céline Sarrazin

pour lui venir en aide, « même si ce n’est pas de [ses] affaires ». « Ça vient me chercher, c’est plus fort que moi ! » lance-t-elle sans gêne.

À son avis, si les gens étaient davantage outillés pour dresser leur chien, ou tout simplement pour savoir se comporter en leur présence, bien des incidents, des tragédies et des désagréments seraient évités. « J’ai souvent pensé d’aller voir la ville pour leur dire qu’avant de donner une contravention à quelqu’un pour son chien, de lui faire suivre un cours de dressage avec un bon éducateur, pour corriger ça », dit-elle, convaincue que les humains, comme les chiens, méritent l’opportunité de modifier leur comportement avant d’être punis.

Et quand vient le temps de se comparer, Céline Sarrazin se dit davantage de l’école de César Millán que de celle d’autres éducateurs canins québécois qu’elle connaît. « Cesar, il connait les toutous, lui, estime-t-elle. Je pense que si j’avais l’occasion de parler avec lui, on serait d’accord sur beaucoup de choses. »

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