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À la maternelle des toutous

MARIE-ÈVE MARTEL marie-eve.martel@lavoixdelest.ca

Bien qu’elle évolue dans le milieu depuis plus de trois décennies, Céline Sarrazin ne se serait jamais lancée dans l’élevage de chiots sans offrir, en service après-vente, des cours de dressage de base à ses clients. Une activité qu’on appelle également la maternelle et à laquelle La Voix de l’Est a pu assister la fin de semaine dernière sur la propriété de l’éleveuse uptonaise.

Dès leur arrivée sur les lieux, Willow, Boo Boo, Indy et Stella renouent comme de vieux complices qui ne s’étaient pas vus depuis des lustres. Les quatre petits corgis, qui sont tous frères et soeurs ou cousins, se chassent et se mordillent les uns les autres, en liberté comme ils ne l’ont jamais été. En retrait, l’immense Woody, croisement de Saint-Bernard et de Montagne des Pyrénées, les regarde aller, un long et épais filet de bave pendouillant à la mâchoire. La petite Princesse, un épagneul nain continental papillon de cinq ans, se love plutôt entre les jambes de sa maîtresse, peu intéressée à interagir avec les autres chiens.

Mais quand Céline Sarrazin sonne la fin de la récréation, tous ces toutous retournent rapidement au pied de leur maître respectif. Ils écoutent, et ensuite, ils obéissent.

« Assis », « Reste », « Viens » « Couché » : quelques commandements qui peuvent sembler simples de prime abord, mais qui doivent être inculqués assez tôt chez les chiens, qui apprendront aussi à pister l’odeur de leur maître et celle de saucisses à hot dog.

Plus tard dans l’avant-midi, Mme Sarrazin entreprend de vérifier l’instinct de protection des chiots. Pour ce faire, elle se coiffe de la casquette de son Raymond et empoigne une pelle ; puis, de façon théâtrale, altère son expression et sa démarche pour incarner une menace, que la plupart des chiens détectent rapidement avec de vigoureux aboiements.

Aussi rapidement qu’elle s’était métamorphosée la première fois, l’éducatrice canine retrouve sa bienveillance en retirant son couvre-chef. Elle se rend à la rencontre des animaux, qu’elle câline pour leur faire comprendre qu’il s’agissait d’un jeu et que celui-ci est désormais terminé.

Un chien perçoit généralement un étranger comme une proie ou comme un prédateur : c’est l’attitude que celui-ci adoptera en sa présence qui fera foi de sa réaction. C’est pour cela qu’il vaut mieux se présenter en confiance, mais sans agressivité, devant un chien qu’on ne connaît pas, souligne Mme Sarrazin.

PERSÉVÉRER, PERSÉVÉRER, PERSÉVÉRER

Selon l’éleveuse, quatre raisons expliquent la désobéissance canine : on lui laisse le choix, il a peur, il est confus ou il est distrait. Seule la dernière cause mérite une correction légère. On vient à bout de tout le reste avec la persévérance, un mot qu’elle répète encore et encore aux nouveaux maîtres qui l’écoutent avec la plus grande des attentions.

« Ça vaut la peine de patienter et de prendre le temps de bien faire les choses, enseigne-t-elle. Si jamais ça ne fonctionne pas après un certain temps, arrêtez-vous et reprenez la leçon plus tard. Une fois que le commandement est acquis, il n’y a plus de problème. »

Le renforcement positif est la clé de voûte d’un dressage réussi. « Quand on le fait travailler, le chien peut découvrir qu’il prend du plaisir à le faire en forme de jeu, note Mme Sarrazin. À partir de ce moment-là, on peut lui apprendre plein de choses. »

Et pour preuve, dans sa longue carrière, elle a entraîné des champions d’agilité et d’obéissance, mais aussi des chiens ayant une vocation encore plus noble. L’éducatrice nous raconte avoir enseigné à Drakkar, un berger allemand, à repérer des individus suspects dans une foule en interprétant un comportement étrange. Elle a aussi appris à un autre chien, Grizzly, à reconnaître des personnes se trouvant en état d’intoxication à l’alcool ou aux drogues.

JAMAIS MIEUX SERVI QUE PAR SOI-MÊME

Beaucoup d’éleveurs se lancent dans l’aventure pour l’aspect pécuniaire de la chose. Certains s’y mettent sans considérer tous les coûts afférents : vétérinaire, traitements, vaccins, vermifuges, nourriture et autres dépenses imprévues qui sont parfois nécessaires pour le bien-être des animaux, voire pour leur sauver la vie.

« Beaucoup d’éleveurs font ça pour l’argent, c’est triste. Ils se foutent de ce qui arrive au chien et au client une fois qu’il le lui a vendu, déplore ensuite la principale intéressée, dont les contrats d’adoption prévoient une clause de rachat si le propriétaire n’est plus en mesure de garder l’animal ou d’en prendre soin adéquatement.

« Je ne me serais pas vue faire l’un sans l’autre, ajoute-t-elle à propos de l’élevage et du dressage. Tu veux que ça se passe bien pour le chien dans sa nouvelle famille, et inversement. Il y a des notions de base à apprendre et ça vaut la peine d’investir du temps pour éduquer son chien soi-même. C’est à vous qu’il doit obéir en premier lieu. »

C’est pour cette raison qu’elle se dit plutôt méfiante des écoles de dressage. « Il ne faut jamais laisser son chien à un éducateur qu’on ne connaît pas et dont on n’a pas eu de références positives. J’ai déjà fait cette erreur-là d’envoyer mon chien à une école de dressage que je ne connaissais pas. Il était revenu agressif et très peureux. Je ne saurai jamais ce qu’ils lui ont fait », raconte l’Uptonaise, qui suggère d’assister à un cours avant d’y inscrire son animal, question d’observer les techniques utilisées par le dresseur.

« De toute façon, si tu fais dresser ton chien par quelqu’un d’autre, tu n’as pas appris à le faire toi-même. Ça sera plus difficile pour ton chien de t’obéir et tu vas avoir payé dans le beurre pour rien. »

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