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Essoufflement chez les organismes communautaires

ÉTIENNE BOUTHILLIER etienne.bouthillier@lavoixdelest.ca

Très sollicités depuis les 15 derniers mois, les organismes communautaires de la région baignent dans un climat de plus en plus précaire. Certains espèrent toutefois que le déconfinement précède des jours meilleurs pour le milieu.

« Une grande partie de nos bénévoles sont âgés de 70 ans et plus. Ils sont donc restés à la maison et certains le sont encore. Nous avons été chanceux, car la communauté a bien répondu à l’appel pour venir nous prêter main-forte, explique Nathalie Roberge, directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) de Granby. (...) L’ambiance est bonne, mais le stress des derniers mois pèse de plus en plus. »

Le CAB n’est pas le seul à se retrouver dans cette situation. L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a publié la semaine dernière les résultats d’une enquête réalisée auprès de 740 organismes et regroupements d’action communautaire autonome (ACA) pour connaître les répercussions de la première vague de la pandémie sur leurs activités.

Depuis le début de la pandémie et du premier confinement, les organismes communautaires sont énormément sollicités, note l’enquête. Les services gouvernementaux étant beaucoup plus absents sur le terrain, les regroupements d’ACA sont sur place pour subvenir aux besoins grandissants de la population.

« La popote roulante n’a pas arrêté. Nous avions beaucoup de pression pour maintenir le service et, comme les gens étaient à domicile, nous devions trouver beaucoup de bénévoles », témoigne Mme Roberge.

Résultat : la charge mentale du personnel et des bénévoles au sein des organismes communautaires est problématique. Selon l’enquête de l’IRIS, la quasi-totalité affirme vivre de l’isolement et de l’anxiété, et ressent le besoin d’un meilleur soutien social et d’une plus grande conciliation famille-travail.

L’ARGENT NE SUIT PAS

Autre constat de l’enquête de l’IRIS, plus du deux tiers des activités de représentation des organismes communautaires n’ont pas eu lieu, de même que la quasi-totalité des événements de collectes de fonds. Nathalie Roberge déplore pour sa part la lenteur à laquelle le soutien financier des différents paliers de gouvernement est arrivé. Quelques fonds d’urgence, notamment de Centraide, sont néanmoins venus à la rescousse du CAB.

« Depuis le début de la pandémie, les groupes se sont beaucoup rabattus sur les services d’urgence. Ça se fait aux dépens de la mobilisation sociale et des conditions de vie des travailleurs et des travailleuses et des bénévoles du communautaire », déplore Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et co-autrice de l’étude, nommée « Effets de la crise sanitaire sur le milieu communautaire – Portrait de la situation pour les organismes du Québec ».

RÉSILIENCE

Malgré tout, les regroupements d’ACA sont plutôt optimistes quant à leur avenir, selon les réponses obtenues par l’IRIS. Près de la moitié croit être en bonne santé financière et près de sept sur dix affirment que leur capacité d’action sera forte dans la prochaine année.

« La bonne nouvelle, c’est qu’on se rend compte que la structure est plus solide qu’ailleurs. La mauvaise, c’est l’impact sur les travailleurs et les travailleuses. On a des travailleuses épuisées qui ressentent une perte de sens au travail et peinent à composer avec une charge très grande », analyse Maxim Fortin, chercheur à l’IRIS et coauteur de l’étude.

VENT DE FRAÎCHEUR

Du côté de Vie culturelle et communautaire de Granby, il a fallu user d’imagination et de flexibilité. « C’est sûr que le loisir n’était pas prioritaire, mais les gens avaient besoin de se changer les idées. Nous avons dû être créatifs, puisque le cadre changeait constamment », affirme sa directrice générale, Valérie Brodeur.

Des lignes d’écoute et des activités sur Internet ont été mises en place pour pallier l’absence d’événements sur place. L’équipe a travaillé fort et, malgré la fatigue générale, la fierté des employés est palpable.

Les annonces du déconfinement amènent également une réorganisation des activités des organismes communautaires. Ceux-ci étant habitués de procéder en fonction des mesures sanitaires, ils doivent maintenant doubler d’effort pour assurer un retour à la normale.

Cependant, ce travail supplémentaire vient avec un vent d’espoir qui insuffle une énergie aux bénévoles et aux salariés des organismes communautaires. Même si cela demande beaucoup d’effort, ils sont motivés à l’idée de retrouver la population « en vrai ».

« À la base, c’est pour ça que nous travaillons. Nous voulons mettre en place des activités qui plaisent et qui répondent aux besoins des gens. Dans les derniers mois, nous avons eu plus de difficulté à sentir ce contact avec la population, mais les gens vont être contents de ce qui s’en vient », se réjouit Valérie Brodeur.

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2021-06-12T07:00:00.0000000Z

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