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Songe (charmant) d’une nuit d’été

La créa­ti­vi­té et la maî­trise des idéa­teurs du Grand Bric-à-Brac at­teignent de très hauts ni­veaux.
La créa­ti­vi­té et la maî­trise des idéa­teurs du Grand Bric-à-Brac at­teignent de très hauts ni­veaux.
— P⋆OTO FOURNIE

On ne se lasse pas du concept unique du Théâtre de la Dame de coeur. Avec son amphithéâtre ouvert sur la nature, son site exceptionnel et ses marionnettes géantes, le TDC a tout pour plaire. Lorsqu’en plus, le spectacle est franchement intéressant, que demander de plus?

Le Grand Bric-à-Brac part d’une prémisse toute simple : au milieu de vieux cadres et de boîtes de carton, une bande d’objets se réveillent un beau matin au bord de la rue. Tout près, l’immense boîte aux lettres familiale déborde de courrier abandonné. De toute évidence, quelque chose cloche.

Sous le regard des spectateurs, prennent alors vie le jovialiste Casse-Noisette, l’aspirateur qui chuinte, le duo de scies mère-fille, le vieux couple de lampes kitsch, le machiavélique panda mécanique et autres personnages visuellement magnifiques.

Qu’est-ce qui a donc poussé Papie et Mamie à se départir d’eux sans plus de cérémonie ? Tout un chacun spécule sur la situation, en espérant retourner vite dans la maison. Jusqu’à ce qu’ils comprennent que la vie ne sera plus jamais la même. Et qu’une fois 17 h sonnés, c’est le dépotoir qui les attend.

Que réserve l’avenir à ceux qui, comme eux, sont « laids et à moitié défaits », se demandent-ils avec inquiétude.

Tous sauf Élégant, le prétentieux gant de baseball de collection jamais sorti de son sac qui, lui, est convaincu de trouver preneur à gros prix. On a bien aimé le (bref !) passage de ce personnage au milieu du récit. Belle idée !

On a aussi apprécié l’apparition ponctuelle des « gars de la fourrière » (qui traquent le chien de la maison, laissé sans surveillance) et des acheteurs de ventes de garage, qui se promènent parmi la foule. En plus d’apporter une touche rigolote et dynamique, les bagnoles et les marionnettes — salut Raymond et Raymonde ! — sont un vrai régal pour les yeux avec leur style cartoonesque.

Le Grand Bric-à-Brac propose par ailleurs des voix bien audibles, un français soigné et de mignons jeux de mots, tous ces détails que les adultes sauront apprécier.

Quant aux enfants, ils devraient saisir assez facilement les tenants et aboutissants de l’histoire, qui nous a semblé moins confuse que Les Géants de l’étang, présentée en 2016, 2017 et 2018.

On les a d’ailleurs senti attentifs du début à la fin, samedi soir, bien au chaud sous leur couverture de laine et leurs bretelles chauffantes.

L’ado qui nous accompagnait a cependant relevé — à juste titre — quelques longueurs et redondances dans les dialogues, qui tombent parfois un peu à plat.

CRÉATIVITÉ

Le grand patron du TDC, Richard Blackburn, affirme que trois années ont été nécessaires pour enfanter cette nouvelle production. À voir le résultat, on ne doute pas de la somme colossale de travail qu’un tel spectacle a nécessitée.

La bonne nouvelle, pour eux comme pour nous, c’est que tous ces efforts auront valu la peine. La créativité et la maîtrise des idéateurs atteignent ici de très hauts niveaux.

Grâce à l’utilisation optimale de l’immense scène en demi-lune et d’ingénieux trucs de mise en scène, on sollicite l’intérêt des spectateurs de mille et une façons.

Mais jamais autant que lors de la finale pleine de lumière et de poésie, touchante à donner des frissons.

Car sous ses airs bon enfant, Le Grand Bric-à-Brac cache une jolie fable sur l’amour, l’amitié, le temps qui passe et l’importance du moment présent.

Chapeau.